Communiqué
[ ce texte a été rédigé avant la décision prise au conseil municipal de Paris de bloquer une subvention à 40 librairies indépendantes ; voir l’article paru sur le site Actualitté ]
Rennes, Nantes, Bordeaux, Paris, Vincennes, vitrines attaquées à l’acide, rayons saccagés et livres détériorés, dégradations avec des tags discriminatoires et d’incitation à la haine, regroupements de personnes en extérieur pour faire pression sur les directions et les travailleur·euses, clientèle interpellant directement les employé·es en magasin… depuis quelques années, les attaques de librairies se multiplient partout en France. Certaines sont dénoncées, d’autres sont passées sous silence ; quand des libraires portent plainte ou parviennent à s’organiser, d’autres restent isolé·es.
Bien loin d’être anodins, ces évènements constituent aujourd’hui une réalité pour les libraires souhaitant proposer et valoriser des lectures qui remettent en question le système social que l’extrême droite néolibérale et ses allié·es rêvent de maintenir : des lectures qui mettent des mots et aident à comprendre le génocide en cours à Gaza et la colonisation de la Palestine, le racisme, le sexisme, les violences sexuelles et l’inceste, le genre, la transmisogynie et les LGBTQIA+phobies, les violences policières, le validisme, les crises écologiques ; des lectures qui font entendre et célèbrent les voix absentes ou sous-représentées dans le débat public, mais surtout : des lectures qui ne compartimentent pas ces causes et permettent au contraire d’établir des liens entre elles, de trouver leurs racines communes dans la culture patriarcale et impérialiste qui régit nos échanges
sociaux, familiaux et professionnels.
Les libraires ont pignon sur rue et jouent à ce titre un rôle particulier à l’échelle de l’espace public car iels sont parmi les seul·es à pouvoir passer mille messages en une vitrine, à pouvoir révéler en un coup d’oeil, même distrait, des réalités diverses et à se faire l’écho des révoltes passées et actuelles, au gré de leurs devantures, en disruptant le silence de la rue. En toute logique, leurs librairies sont donc devenues la cible de groupuscules réactionnaires qui veulent intimider celles et ceux ayant fait le choix de défendre une certaine idée du monde. Un monde au pouvoir invraisemblable d’ailleurs, puisque plus il s’exprime et prend la parole, plus on entend qu’« on ne peut plus rien dire ».
La branche Métiers du livre de Sud Culture Solidaires souhaite apporter son soutien aux travailleur·euses des librairies pour leur dire qu’iels ne sont pas seul·es et qu’il est important qu’iels soient soutenu·es syndicalement. Notre syndicat a décidé de se porter volontaire pour accompagner chaque plainte déposée par les librairies.
De plus, nous avons réalisé, en collaboration avec Me Thibault Laforcade, avocat au barreau de Bordeaux spécialisé dans la lutte contre l’extrême droite, un petit guide d’autodéfense juridique à destination des libraires (cf. ci-dessous).
Ce guide est pensé dans le but d’outiller les travailleur·euses des librairies attaqué·es afin qu’iels puissent, sur le vif, adopter la meilleure stratégie pour elleux-mêmes et mener, le cas échéant, une réponse judiciaire qui aille au bout. Ces dernières semaines, nous nous sommes également rapproché·es d’autres collectifs et organisations syndicales afin de nourrir une plus vaste mobilisation dans notre secteur. Nous appelons ainsi les libraires et les professionnel·les du livre à se rapprocher de sections syndicales, de collectifs ou de comités d’organisation locaux pour amplifier le mouvement et apprendre ensemble à se défendre concrètement contre ce type d’attaques.
Nous devons être à côté des travailleur·euses des librairies, mais aussi riposter systématiquement à tous les niveaux contre ces attaques et menaces faites plus largement au monde de la culture par les groupes réactionnaires : syndicalement, judiciairement et politiquement.
Sud Culture Solidaires – Métiers du livre,
Paris, le 19 novembre 2025
Petit guide d’autodéfense contre l’extrême droite à usage des libraires
Tags, vitrines cassées, harcèlement en ligne, intimidations sur le lieu de travail, menaces physiques, agressions verbales… nous constatons une augmentation des attaques d’extrême droite visant des librairies. Ce tract vise à donner un maximum d’outils aux libraires pour savoir comment réagir.
De trop nombreuses plaintes sont classées sans suite. Il est important de s’organiser collectivement pour que des enquêtes soient menées plutôt que les plaintes soient rangées au fond d’un tiroir comme c’est trop souvent le cas. Tout cela non pas dans une perspective punitive mais dans une perspective antifasciste pour faire très concrètement reculer l’emprise de l’extrême droite sur nos lieux de travail.
Ce document est rédigé par la branche Métiers du livre de Sud Culture Solidaires, notre syndicat se porte volontaire pour accompagner chaque plainte qui sera désormais déposée par des librairies en cas d’attaque, de menace ou d’agression de la part de l’extrême droite.
Pour toute question, merci d’écrire à Sud Culture :
Ne restez pas seul·es face aux groupes et aux intimidations venant de l’extrême droite, parlez-en, parlons-nous, organisons-nous et ensemble, contribuons à les faire concrètement reculer !
Document à télécharger ci-dessous




