Jamila A. versus Studio théâtre de Stains : K.-O debout

Reconnaissance de la discrimination pour grossesse et du harcèlement moral

Après plus de deux ans de combat, Jamila A. a remporté son prud’homme contre le Studio théâtre de Stains. A l’été 2020, Jamila A. – qui travaillait à la fois à l’administration du théâtre et sur scène – avait été écartée de toutes les pièces où elle était prévue, alors qu’elle était enceinte. Les prud’hommes ont reconnu une discrimination fondée sur sa grossesse mais aussi un harcèlement moral contre elle au sein de la structure. Enfin il a été reconnu que l’employeur n’avait pas répondu à son obligation de sécurité vis-à-vis de sa salariée. Ces éléments ont amené à reconnaître comme nul le licenciement pour inaptitude prononcé en septembre 2021. Nous saluons une nouvelle fois la ténacité et le courage de Jamila, face aux dénigrements répétés à son encontre de l’administration du théâtre.

Par-delà la victoire de Jamila, ce procès apporte plusieurs enseignements dans le cadre de la lutte contre les violences sexistes que constituent le harcèlement moral et la discrimination pour fait de grossesse. Tout d’abord nous nous félicitons que l’intervention volontaire de Sud Culture ait bien été reconnue comme recevable, ce qui entérine le fait que la situation de Jamila A. est une situation qui concerne tout le milieu de la culture. La direction du théâtre a nié pendant les prud’hommes le caractère de salariat des artistes. Dans le monde des arts comme ailleurs, les travailleurs et les travailleuses sont soumis à une subordination, et à ce titre, ils et elles doivent être protégés par le droit du travail et doivent pouvoir se syndiquer librement.

Le point crucial de ce procès porte sur le débat de l’usage des enregistrements audio aux prud’hommes, où ils demeurent non reconnus, contrairement au pénal. Lors du procès, l’avocate a pu produire dans les pièces un PV de l’inspection du travail, auquel Jamila avait fourni des enregistrements audios qui témoignaient de l’agressivité et de la violence de la direction envers elle. Ce PV rendant compte des enregistrements a apporté des éléments concrets et précis, que la direction du théâtre a eu bien du mal à expliquer. La reconnaissance de la pièce comme valable est une avancée importante pour tous les salarié-e-s, le harcèlement moral restant trop souvent renvoyé à une parole contre parole.

Le combat n’est cependant pas terminé, la gravité des faits a amené l’inspection du travail à saisir le procureur, ce qui a donné lieu à une enquête de police débouchant sur une procédure pénale. Nous donnons désormais rendez-vous au pénal le vendredi 2 juin 13h au Tribunal de Bobigny pour continuer à soutenir Jamila et poursuivre la lutte contre les violences sexistes dans le monde des arts et de la culture.

Culture en danger ! Lettre à la Ministre de la Culture

Madame la Ministre,

Depuis la réouverture des salles, la reprise escomptée des activités du spectacle vivant et du cinéma n’a pas eu lieu. Pire, la déclaration du Premier Ministre Jean Castex, le 6 décembre dernier, selon laquelle « jusqu’aux fêtes de fin d’année, on lève le pied, on arrête, on se protège et on protège ainsi notre capacité à profiter de Noël », a accentué la vague d’annulations et de reports de nombreux événements culturels.

La crise est violente depuis bientôt deux ans. Elle n’est pas terminée au 1er janvier 2022. Comme nous le disons collectivement depuis des mois, son impact va se faire ressentir durant de nombreuses années.

Le public n’est pas revenu dans les salles. C’est le triste constat que dressait une étude publiée dans Le Monde le 16 octobre dernier, qui indiquait que “39 % des Français n’ont pas remis les pieds dans un lieu culturel depuis l’instauration du passe sanitaire”.

Le secteur dit du « spectacle occasionnel » et des arts de la rue voient s’aggraver une situation déjà catastrophique : un niveau d’emploi à 20% pendant les six premiers mois de 2021, une reprise partielle à l’été aussitôt entravée par des annulations en août suite à la mise en place du passe sanitaire – bien souvent impossible pour des événements en extérieur, dans les rues des communes-, une cascade d’annulations en décembre, dans les comités des fêtes, les CSE (ex-comités d’entreprises), les feux d’artifice, les rendez-vous festifs de fin d’année en espace public et autres spectacles de Noël, … Des musiciennes et musiciens ont par exemple vu supprimer tous leurs concerts de décembre comme de janvier. Rappelons que ce secteur, bien que dit « occasionnel » représente un emploi sur dix dans le spectacle, et que pour les artistes et technicien·ne·s concerné·e·s il s’agit de leur activité principale.

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Sauver la culture, c’est d’abord sauver celles et ceux qui la font vivre.

Communiqué Sud Culture Solidaires, secteur Spectacle Vivant

Manifestant-es SUD Culture Solidaires.

Depuis un an que la crise de la Covid 19 a mis en panne notre monde, nous subissons toutes et tous des privations de liberté immenses, notre corps social, nos vies, nos possibilités d’existence sont directement touché·es (avec plus ou moins de violence selon la classe sociale à laquelle nous appartenons). Alors que la crise sanitaire a permis à certains groupes capitalistes d’augmenter de plus de 25% leurs richesses en un an, les plus fragiles d’entre nous sont, comme d’habitude, frappé·es de plein fouet.

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Occupation de l’auditorium de Lyon

Communiqué du Collectif Unitaire 69

Nous travailleurs·euses de la culture,
réuni·es en assemblée générale de lutte le 17 février 2021, constatons le marasme dans lequel est plongé notre secteur. Nos structures comme nos emplois se trouvent aujourd’hui menacés. Cette crise affecte déjà nos conditions d’existence et elle continuera à le faire dans les années qui viennent. Face à cette situation nous exigeons dès aujourd’hui des gestes forts du gouvernement, voici nos revendications:

– Prolongation de l’année blanche jusqu’à un an après la reprise réelle du travail dans tous les secteurs – Retrait pur et simple de la réforme de l’assurance chômage

– Aides massives au secteur, passant par un plan de relance ambitieux en concertation avec les salarié·e·s de la culture

– Abaissement du seuil d’heures pour permettre aux primo-entrants et personnes en rupture de droits d’accéder plus facilement à l’indemnisation

– Maintien de tous les droits sociaux (maladie, retraite, maternité, prévoyance, formation)

– Arrêt des sacrifices de secteurs entiers au nom de la politique de prévention

Face à cela, seule la lutte peut nous rendre victorieux·euses.

C’est pourquoi nous avons aujourd’hui décidé d’occuper l’Auditorium de Lyon, dans le cadre des « Victoires de la Musique Classique », suite à des actions similaires menées à travers tout le pays pour alerter sur notre situation.
Nous ne pouvons plus rester les bras croisés.

L’heure est à la mobilisation !