Action publique 2022 – « Administration centrale stratège »…

ou les gros stratagèmes de l’administration !

Dernier chantier ouvert dans le cadre d’Action publique 2022, « l’administration centrale stratège » concerne pas moins de 10 groupes de travail sur les ressources humaines, la formation, les systèmes d’information, la documentation, le budget, la communication, l’action européenne et internationale, la recherche, la logistique et les études et observation.

Trois réunions se sont déroulées les 13, 22 et 27 juin sur ces sujets et, malgré une absence totale de transparence et de communication de la part de l’administration, des inquiétudes se précisent.

Pour mieux comprendre le projet de l’administration, rappelons le contexte et la feuille de route fixée par le gouvernement. Action publique 2022, c’est :

– accompagner la politique de réduction des dépenses publiques du gouvernement (-60 Mds €) et les suppressions d’emplois (120 000 annoncées sur le quinquennat),

– identifier des réformes structurelles et des économies significatives et durables,

et proposer des transferts de missions au secteur privé voire des abandons.

Au ministère de la Culture, après l’attaque frontale contre la politique des archives, les services à compétences nationales, les aides à la création et en attendant la casse de l’audiovisuel public, l’administration veut désormais réformer et réorganiser tous les services d’administration centrale.

Et pour quel objectif ? Une ADMINISTRATION CENTRALE STRATÈGE, avec bien sûr moins de moyens et surtout une réduction d’effectifs orchestrée au pas de charge sur tout le quinquennat.

Quels sont les projets de l’administration ?

  • Des suppressions de postes, 160/an jusqu’en 2022
  • Une réorganisation attendue dès le début 2019
  • Des risques d’externalisations, en particulier dans les services logistiques
  • Avec des méthodes éprouvées lors de la RGPP puisque le cabinet MAZARS sera de la partie (rappelons que Marc Schwartz, ancien directeur de cabinet de notre Ministre, était associé et même responsable mondial du département « secteur public » de ce cabinet en 2012 !).

Et sur chacun des thèmes énoncés :

Budget et chaîne de la dépense

Ce que dit l’administration : il faut rationaliser qui fait quoi entre le secrétariat général et les directions métiers sur la construction du budget, la chaîne de la dépense et la tutelle des opérateurs.

Ce qu’en pense SUD Culture : c’est reparti pour la chasse aux doublons !

Ressources humaines

Ce que dit l’administration : les RH, c’est une organisation complexe, avec de multiples procédures et une somme de règles qui découlent du statut de la fonction publique.

Ce qu’en pense SUD Culture : rappelons que le statut, c’est un socle de droits communs protecteurs pour les agents publics. Ce qui est en revanche instructif, c’est que l’administration reconnaît noir sur blanc ce que SUD Culture dit tout haut depuis des années : au ministère de la Culture, il n’y a pas de GPEEC et la politique indemnitaire est totalement indigente.

Logistique

Ce que dit l’administration : elle souhaite créer un nouveau pôle et fait état de l’existence d’équipes trop petites pour pouvoir fonctionner normalement.

Ce qu’en pense SUD Culture : ces services sont les premiers concernés par les suppressions de postes (des départs non remplacés à la reprographie, au courrier) et l’externalisation est très certainement l’étape d’après !

Formation

Ce que dit l’administration : il s’agit d’un enjeu majeur.

Ce qu’en pense SUD Culture : l’administration cherche à mutualiser, rationaliser et imagine des scénarios qui vont jusqu’à l’externalisation des services vers un centre de formation indépendant tout cela au détriment de l’expertise métier et du service rendu aux agents. De plus, avec la suppression de salles de formation du site Richelieu prévues par le projet Camus, comment vont-ils faire pour maintenir le même niveau d’offre ?

Systèmes d’information numérique

Ce que dit l’administration : elle souhaite créer une nouvelle « direction numérique » qui regrouperait la sous-direction des systèmes d’information, le département de l’innovation numérique, le département de la stratégie et de la modernisation et pourquoi pas d’autres services des directions métiers…

Ce qu’en pense SUD Culture : le numérique est un outil qui doit être au service des hommes et qui doit tenir compte des utilisateurs. Quels sont l’objectif et la valeur ajoutée de cette nouvelle direction, quelles seront les conditions de travail des agents ?

Documentation

Ce que dit l’administration : AP 2022 est une opportunité pour créer un projet nouveau pour la documentation.

Ce qu’en pense SUD Culture : clairement, pour l’administration, la documentation, c’est du superflu à l’heure du numérique ! Elle envisagerait notamment de fusionner tous les centres de documentation spécialisés et les regrouper sur un seul site aux Bons enfants avec, à la clé, plusieurs suppressions de poste et l’abandon des ressources documentaires au service des agents et de leurs missions.

Recherche

Ce que dit l’administration : la recherche est liée aux missions fondamentales du ministère de la Culture.

Ce qu’en pense SUD Culture : pour faire vivre la recherche au ministère de la Culture, il faut qu’il y ait une véritable politique de gestion prévisionnelle de ses personnels scientifiques, avec l’ouverture de concours d’ingénieurs d’études et de recherche et l’arrêt des suppressions de poste dans les laboratoires sous sa tutelle.

Études et observation

Ce que dit l’administration : c’est une fonction cruciale pour un État stratège.

Ce qu’en pense SUD Culture : comme pour les autres services, la vraie stratégie c’est d’arrêter les suppressions de poste !

Et ce n’est pas fini ! Suite et fin le 10 juillet pour la présentation des deux derniers thèmes, Action européenne et internationale et Communication.

 

Contre ce projet de démantèlement du ministère de la Culture et la dégradation continue des conditions de travail des agents, SUD CULTURE demande l’arrêt immédiat d’Action publique 2022 et des suppressions de poste.

Tract SUD-AP22_AC Stratège_29.06.2018