Soutien aux Kurdes de France suite à l’attentat du 23 décembre 2022

Communiqué SUD Culture Solidaires

Vendredi 23 décembre, un militant d’extrême-droite a tiré sur le centre culturel kurde Ahmet-Kaya, rue d’Enghien dans le 10ème arrondissement de Paris, tuant 3 Kurdes et en blessant grièvement trois autres. Le tueur était visiblement bien renseigné puisqu’une réunion du mouvement des femmes kurdes était prévue à ce moment mais a été décalée à la dernière minute. Un carnage plus massif a été évité de peu.

Le tireur, équipé d’un pistolet et de plusieurs chargeurs, a d’abord abattu trois personnes sur le perron et à l’intérieur du centre culturel. Il a ensuite pourchassé l’une de ses victimes qui a traversé la rue pour se réfugier dans un restaurant kurde, l’Avesta, juste en face. Après cette première attaque de sang-froid, l’assassin a remonté la rue, dédaignant d’autres commerces, pour s’engouffrer dans un salon de coiffure fréquenté par des Kurdes. Il a de nouveau ouvert le feu, blessant au moins une personne avant que les clients du salon de coiffure ne le maîtrisent.

Ainsi, Emine Kara, responsable du Mouvement des femmes kurdes en France, Mir Perwer, chanteur poursuivi en Turquie et réfugié politique, et Abdulrahman Kizil, habitué du centre culturel, ont trouvé la mort sous les balles du tueur. Après avoir été placé en garde-à-vue, l’assassin a été mis en examen et incarcéré lundi 26 décembre. Il est connu pour avoir notamment, attaqué un campement de migrants au sabre en décembre 2021.

Alors que la communauté kurde du quartier s’était rassemblée solennellement vendredi après-midi à proximité du centre culturel, les déclarations du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, présent sur place, niant le caractère terroriste et jusqu’à la qualification d’attentat, ont déclenché la colère légitime de la foule. 10 ans après l’assassinat de 3 militantes kurdes, Fidan Dogan, Sakine Cansiz et Leyla Saylemez, la communauté kurde est à nouveau frappée et précisément lors d’une réunion pour la préparation de la  commémoration de ces assassinats. 

Il est donc troublant de voir les autorités françaises s’empresser de conclure à une « attaque raciste » quand les Kurdes dénoncent un attentat politique et exigent la lumière sur de possibles ramifications avec l’État et l’extrême-droite turques. Il est tout aussi regrettable de voir la quasi-totalité des organisations de gauche reprendre à chaud la version policière de l’attaque raciste isolée, dépolitisant de fait le caractère réel de ces assassinats, pendant que les médias transforment cette attaque fasciste en simple fait divers et le tueur en déséquilibré.

Selon Berivan Firat ou Agit Polat, portes-parole du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F), la piste raciste ne tient aucunement. Non seulement l’attentat est trop précis dans ses cibles et dans sa temporalité pour croire à un acte hasardeux mais, ce qui saute aux yeux de toute personne connaissant un tant soit peu le quartier, il n’était pas nécessaire de se rendre jusqu’au centre culturel kurde, enclavé dans une rue peu fréquentée, pour se livrer à des violences contre des populations immigrées. Les responsables kurdes avaient par contre alerté les autorités françaises des menaces dont la communauté faisait l’objet à l’approche du funeste anniversaire, avertissement qui n’avait abouti à aucune forme de protection.

SUD Culture soutient les exigences des Kurdes de France que la lumière soit faite sur les responsabilités des violences qui les touchent et dénonce les complaisances de l’État français envers la politique d’Erdogan ou les groupuscules fascistes turcs, les Loups Gris, qui peuvent venir provoquer impunément les Kurdes rassemblé-es pacifiquement à République ce samedi. 

Nous apportons notre soutien à la communauté kurde  et appelons à participer massivement à la manifestation en hommage aux trois militantes assassinées en 2013, qui aura lieu le 7 janvier prochain à 10h à Gare du Nord.

Paris, le 26 décembre 2022

Déprogrammons Vivès de nos cultures

L’auteur de bande-dessinée Bastien Vivès était invité par le Festival d’Angoulême cette année pour une exposition carte blanche « dans les yeux de Bastien Vivès ». Connu pour assumer ses nombreuses bandes dessinées pornographiques mettant en scène inceste, viol et pédophilie (« l’inceste, moi, ça m’excite à mort »), l’auteur est aussi connu pour ses interventions dans des médias d’extrême droite comme l’Incorrect, ou ses posts « subversifs » sur les réseaux sociaux, allant jusqu’au harcèlement et menaces pour l’autrice Emma. 

Ces faits, connus et dénoncés depuis des années, montrent qu’une invitation « carte blanche » du Festival est un acte politique assumant un dédain pour toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles ainsi qu’une absence totale de compréhension des responsabilités qu’un festival renommé comme le leur à donner une plateforme dans un monde post #Metoo. 

Sous la pression des autrices, des militant·es puis des médias, le festival annule l’exposition et sa venue sous prétexte que l’artiste aurait reçu des menaces physiques et qu’il faudrait le protéger.

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Vérité et justice pour Sakine, Fidan et Leyla !

Union syndicale Solidaires

DANS LA RUE SAMEDI 7 JANVIER, 10H GARE DU NORD À PARIS.

Le 09 janvier 2023 marquera les 10 ans de l’assassinat de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Shaylemez en plein de cœur de Paris par un agent aux liens avérés avec les services secrets turcs.

10 ans de déni de justice pour les familles, 10 ans d’impunité pour les commanditaires de l’assassin, qui décédait quelques jours avant son procès. La France ne se contente pas de fermer les yeux sur ce crime et de refuser la levée du secret défense pourtant demandée par la juge en charge de l’enquête. A plusieurs reprises, Emmanuel Macron a rencontré le Président turc Recep Tayyip Erdogan. Lors de ces rencontres, Macron, tout comme son prédécesseur Hollande, s’est bien gardé d’évoquer le sujet fâcheux du triple assassinat : les intérêts politiques et économiques de la France sont bien supérieurs à la justice. Ainsi la justice belge, dans une enquête sur des projets d’assassinats de militant.e.s kurdes par les mêmes protagonistes que ceux des trois meurtres à Paris, a reproché à la France son manque de collaboration.

Pendant ce temps, le régime d’Erdogan, face à la crise économique de son pays, et en vue des prochaines élections, joue la carte habituelle du nationalisme en tentant de rassembler autour d’un ennemi : les kurdes.

Il accentue la répression contre les forces progressistes en Turquie, notamment contre le HDP, et depuis le 19 novembre, bombarde le Rojava en y détruisant les infrastructures indispensables aux civils et en tentant d’aider les prisonniers de Daech à s’échapper. Il utilise des armes chimiques illégales contre la guérilla kurde en Irak au mépris du droit international…

Pour que justice soit faite il faut également, à l’instar de la cour de cassation belge en février 2020, que le PKK soit retiré de la liste des organisations terroristes, afin que celui-ci soit reconnu internationalement comme un interlocuteur indispensable à une solution politique pour les Kurdes, et que la Turquie ne puisse plus pourchasser les militant.es à l’étranger.

Nos camarades kurdes appellent donc à une mobilisation massive pour la manifestation en hommage aux trois femmes, et contre tous les féminicides le samedi 07 janvier à Paris, à 10h départ de gare du Nord.

Comme l’an passé, Solidaires formera un cortège au sein de la manifestation.

Soutien à la lutte des peuples en Iran

Communiqué Union syndicale Solidaires

« Femme, vie, Liberté »

Il y a 3 mois, le 16 septembre dernier, Jina Mahsa Amini, jeune étudiante kurde, meurt tuée par la police des mœurs, pour « port de vêtements inappropriés ». S’en suit une mobilisation inédite en Iran. Des milliers de femmes et d’hommes défient les forces de l’ordre au péril de leurs vies.

Selon un collectif d’avocat.es, 57 personnes ont été condamnées à mort, dont 5 mineur·es. Pour, entre autres, « inimitié à l’égard de Dieu et corruption sur la Terre ». Ainsi Majid Reza RAHNAVARD, accusé d’avoir poignardé deux membres des services de sécurité, dans la ville de Mashhad le 17 novembre, a été mis à mort publiquement, les médias d’État diffusant des images le montrant suspendu à une corde attachée à une grue sur une place de la ville de Machhad, dans le nord-est de l’Iran. Puisque dans les textes de la République Islamique d’Iran, il n’est pas punissable de participer à des manifestations, le régime s’efforce de fabriquer des simulacres d’accusations, où il est courant que des manifestant·es avouent sous la torture, des faits qu’ils/elles n’ont pas commis. Le régime a toujours utilisé la peine de mort comme un outil de répression politique, par exemple en 2009 avec plus d’une centaine de condamnations à mort.

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Appel à des manifestations sur tout le territoire le 18 décembre 2022 à l’occasion de la journée internationale des migrant·e·s

Solidarité, Liberté, Égalité, Papiers !
CONTRE DARMANIN ET SON MONDE

Le monde aujourd’hui incarné par Darmanin chasse, agresse, tue, expulse, discrimine, surexploite et divise sur la base de l’origine, la couleur de peau, la nationalité, la religion.
Ce monde qui brise les solidarités détruit aussi la planète, développe toutes les inégalités et s’attaque à tous nos droits. Ce monde porte la guerre et le fascisme.

Ensemble Sans-Papier, migrante, migrant, étranger, étrangère, racisé·e, musulmane, musulman, syndicaliste, féministe, écologiste, habitant·e des quartiers, organisons-nous, mobilisons-nous.
Nous disons que si nous ne ripostons pas quand l’un·e d’entre nous est discriminé·e, humilié, réprimé, exploité ce sont toutes nos luttes qui sont affaiblies. 

Des centaines de milliers de Sans-Papiers vivent et travaillent aujourd’hui en France, cotisent, déclarent et paient des impôts sans aucun droit. Au moment où même certains patrons demandent des régularisations l’unité est plus que jamais cruciale pour gagner la régularisation de toutes et tous les sans-papiers, l’égalité des droits et des revenus et des conditions de travail décents pour toutes et tous, français·e·s comme étranger·ère·s.

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Loi immigration : à qui profite la peur ? Des moyens pour accueillir les migrant-es pas pour les criminaliser !

Union syndicale Solidaires

Le gouvernement vient de lancer de soi-disant consultations et des débats sur une énième loi sur l’asile et l’immigration (la 28ème depuis 1986, la seconde d’un gouvernement Macron) et à mesure que celle-ci se précise, nos craintes et notre opposition se renforcent. Le ressort unique, celui de la xénophobie, le rejet et de la peur de l’étranger, permet de faire des immigré·es des boucs émissaires faciles.

Les exilé·es fuient la guerre, la misère ou les crises écologiques, conséquences d’années de politiques néolibérales au profit des gouvernements et des entreprises capitalistes et colonialistes.

Le but de cette énième loi ne fait aucun doute : accueillir le moins possible, réprimer et expulser le plus grand nombre. Rien de bien nouveau : trier les sans-papiers, les considérer comme de la main d’œuvre, corvéable à merci par les patrons, avec une nouvelle carte, annuelle, des plus précaires, les cantonnant dans les métiers dits sous tension, sans possibilité de changer de secteur d’activité. De plus, une frange de population sans papiers ne serait ni régularisable ni expulsable, maintenue sous OQTF et sous IRTF pendant non plus 1 mais 3 ans. Cela les mettrait encore plus longtemps à la merci des prédateurs patronaux en mal d’exploitation. Pour les autres, celles et ceux qui sont en situation régulière, on leur demandera de prouver qu’ils et elles sont « intégré·es » avant de leur concéder une carte de séjour pérenne pour vivre et travailler sereinement et dignement : une carte pluriannuelle voire une carte de résident.

En citant Jacques Bainville, figure antisémite de l’Action Française, ou en assimilant délinquance et immigration, le ministre Darmanin ne fait que donner des gages à l’extrême droite. Le débat se tient dans un contexte nauséabond avec une extrême droite très présente dans les débats et dont les propos et les mensonges sont distillées sans complexe par des médias, et en premier lieu par ceux du milliardaire Bolloré. Cette parole décomplexée libère, depuis de trop nombreux mois, les groupuscules d’extrême droite qui attaquent dans de nombreuses villes les mobilisations unitaires et les organisations syndicales ou politiques sans aucune retenue.

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