En même temps que se tenait la dernière AG de Cultures en lutte 13, le 27 novembre 2025, 250 personnes se rassemblaient place de la République à Paris à l’appel de libraires pour affirmer la nécessité de construire collectivement une riposte antifasciste face à la multiplication des attaques visant des librairies dans plusieurs villes de France (Rennes, Nantes, Bordeaux, Paris, Marseille…).
Ces derniers mois, les atteintes et pressions ont pris différentes formes : elles sont le fait d’individus, de groupes ouvertement fascistes, d’institutions. Elles ont récemment trouvé une légitimation politique dans le vote de blocage des subventions de 40 librairies indépendantes au Conseil municipal de Paris par des élu·es de droite et d’extrême droite, qui – sous couvert de lutte contre l’antisémitisme – ont offert une nouvelle victoire aux groupes sionistes dans un contexte génocidaire. Ces élu·es s’en donnent à coeur joie, notamment lors de la campagne de harcèlement contre la librairie Violette and Co, nourrie par le conseiller municipal LR de notre très austéritaire ministre de la Culture Rachida Dati, dont les affaires pour corruption ne semblent pas entraver le carriérisme politique.
Marseille n’est pas en reste puisque le 12 novembre dernier, la librairie Transit a été la cible du collectif sioniste Nous vivrons, lequel a tenté d’interrompre la présentation du livre “Le sionisme, une invention européenne”, organisé avec le collectif juif décolonial Tsedek!. La librairie a également subi une pression sur les réseaux sociaux et été la cible de dégradations : dans la nuit du 1er décembre dernier, c’est une croix celtique taguée sur sa vitrine qui est venue s’ajouter à la liste. Ce symbole historique de l’extrême droite fasciste est à nouveau découvert inscrit sur la grille de la librairie Les Sauvages le 5 décembre. Témoignant d’un nouveau pas franchi, ces menaces et attaques font écho à d’autres, notamment celle sur la librairie jeunesse Le petit Pantagruel en juin 2024, dont la devanture aux messages antiracistes et antifascistes a été vandalisée avec des boules de
pétanques, l’incendie volontaire subi par l’Hydre aux mille têtes en 2023 ou encore le coup de pression de Nous Vivrons sur la librairie Histoire de l’œil qui accueillait l’autrice antisioniste Ariella Aïsha Azoulay.
Les institutions entretiennent ce climat politique et médiatique permissif pour les groupes d’extrême droite. Elles profitent d’un climat de menace constante des baisses de subventions pour imposer la censure et l’auto-censure des propositions artistiques et politiques. En témoigne l’expérience de la metteuse en scène Tamara Al Saadi, poussée par la plateforme de coproduction ExtraPôle – créée et financée à 50 % par la Région Sud – à renoncer à lire un texte sur Gaza à l’issue des représentations de son spectacle “Taire” dans les théâtres de Nice, Aix et Toulon. Le financement de la culture est ainsi utilisé comme terrain de chantage pour pousser un projet de société réactionnaire. Un projet clairement affiché dans la trajectoire VALEURS de la Région Sud (Vision, Autorité, Liberté, EUrope, Respect, Souveraineté) qui servait à justifier un peu plus tôt cette année le retrait des subventions à l’école de cinéma Kourtrajmé pour son utilisation de l’écriture inclusive dans son dossier de demande et dans sa communication.
L’acronyme de VALEURS n’est finalement pas si loin de celui du projet Périclès du milliardaire Pierre-Édouard Stérin (Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes), dont les événements pseudo-philanthropiques, historiques et culturels diffusent une idéologie fasciste depuis les salles de spectacle de nos villes. L’annulation de ses Nuits du bien commun à Aix, grace à la grève d’intermittent·es et la mobilisation d’un maillage local de collectifs, associations et syndicats, nous montre cependant que nous pouvons obtenir des victoires en nous organisant.
Comme d’autres branches de la culture, l’édition n’est pas épargnée par la mainmise de quelques grands groupes et leurs patrons tout-puissants, tels que Daniel Křetínský (Editis) ou Vincent Bolloré (Hachette) qui, via ses différentes entités (dont Canal+, Havas et Vivendi) est aussi à la tête de plusieurs salles de spectacles parisiennes (Olympia, Casino de Paris…), actionnaire majoritaire d’Universal Music Group et bientôt d’UGC, puisqu’il envisage de le devenir d’ici 2028. Par une accélération des logiques de concentration, ces multinationales et leurs dirigeants veulent imposer leur vision du monde capitaliste, raciste, régressive, violente
et réactionnaire dans le champ de la production et de la diffusion culturelle. Dans ce contexte, défendre les librairies indépendantes qui amplifient des voix de résistance et de mémoire devient une bataille de contre-propagande essentielle que nous devons mener collectivement.
Nous appelons donc au soutien inconditionnel des lieux attaqués, pour que continuent à se structurer et se transmettre les savoirs, les idées, les expériences, les cultures dans toute leur pluralité et leur potentialité émancipatrice.
Nous ré-affirmons le caractère antifasciste de Cultures en lutte 13 et de ses composantes. Portons cette position dans la rue !
JEUDI 11 DÉCEMBRE – 18H30 – RASSEMBLEMENT
Kiosque à musique des Réformés
(place Léon Blum, 13001)
Et continuons à nous organiser !
AG CULTURES EN LUTTE 13 (à la suite du rassemblement) – 19H30
au local de Solidaires 13 (29 Bd. Longchamp, 13001)
Nous appelons aussi les travailleur·ses de la culture à construire, avec d’autres secteurs, un mouvement interprofessionnel antiraciste dans l’optique de la journée de grève et de mobilisation du 18 décembre – Journée internationale des migrant·e·s – à l’appel des collectifs de personnes sans papiers français et de mineur·es isolé·es en lutte.
Rejoignez-nous pour un cortège des travailleur·ses de la culture !
JEUDI 18 DÉCEMBRE – 18H – PORTE D’AIX – Manifestation aux flambeaux
AG Cultures en lutte 13, SNAP CGT Paca, SFA CGT Paca, STAA 13 CNT-SO, SUD Culture 13, Synptac CGT – Paca




