La Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) ouvre ses portes au public ce mercredi 10 octobre 2007 au Palais de la Porte Dorée à Paris.
SUD Culture Solidaires ne peut que se réjouir que l’immigration possède enfin son lieu de mémoire dans la République française. Même si le choix de celui-ci n’est pas des plus heureux, il est important en effet que le fait migratoire fasse l’objet d’explications qui dépassent les discours populistes visant à flatter les réflexes racistes et xénophobes dans la population et à exacerber la division des salariés. Il est nécessaire par exemple que la question migratoire soit ressaisie dans ses rapports avec la question coloniale bien loin des discours sur “ les bienfaits de la colonisation ”.
Néanmoins SUD Culture Solidaires ne saurait oublier que cette ouverture se déroule dans des circonstances bien particulières.
Les personnels de la CNHI accueilleront ainsi le public sans avoir reçu, pour nombre d’entre-eux, la moindre préparation ou formation préalable. Les médiateurs, qui n’ont pas de définition de postes précises, ont été recrutés dans des conditions contraires au statut de la fonction publique qui exige que des missions permanentes soient exercées par des fonctionnaires titulaires.
Il est d’autre part choquant, qu’avant même son inauguration, la C.N.H.I. soit d’ores et déjà confrontée à une structure concurrente, à savoir un « Institut d’études sur l’immigration et l’intégration » créé par le Haut Conseil à l’intégration, plus à même de relayer la politique officielle du « Ministère de l’identité nationale ».
Enfin, cette ouverture a lieu au moment même où nous assistons à un nouveau durcissement de la politique du gouvernement en matière d’immigration. Celui-ci se traduit par la multiplication des rafles dans les rues et des contrôles policiers dans les entreprises et les domiciles…) et engendre une multiplication au quotidien des situations dramatiques aux conséquences humaines inacceptables et dangereuses, non seulement pour les intéressés, mais aussi pour la démocratie dans son ensemble. Ainsi, Ivan, enfant tchétchène de douze ans, est toujours dans un état très grave depuis le mois d’août après avoir sauté par la fenêtre pour fuir la police et Mme Chulan Zhang Liu est décédée fin septembre après s’être défenestrée en voyant arriver des policiers dans son immeuble.
Non satisfait des conséquences de cette politique honteuse, le gouvernement soumet actuellement au Parlement un nouveau projet de loi relatif “ à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile ”. Au-delà de l’amendement honteux visant à instaurer un recours aux tests ADN lors de la délivrance des visas aux ressortissants étrangers qui demandent à rejoindre un membre de leur famille régulièrement installé en France, cette énième loi en matière d’immigration appréhende un nouvelle fois celle-ci uniquement comme un problème et une menace.
Aujourd’hui les résistances se multiplient pour dénoncer et enrayer cette machine à expulser qui renvoient à des souvenirs non moins honteux de notre histoire. Le fait de renoncer à procéder à une inauguration officielle de la Cité de l’immigration constitue un aveu même de la part du gouvernement de l’impopularité de sa politique en matière d’immigration.
Une autre politique de l’immigration est nécessaire et urgente. Celle-ci passe par une autre conception des rapports politiques et économiques avec les pays dits d’immigration et par la mise en œuvre de mesures d’accueil dignes de ce terme pour les personnes étrangères, donnant accès à une citoyenneté pleine et entière par la reconnaissance de l’égalité des droits. C’est dans ce cadre que SUD Culture Solidaires est présent aux côtés des différentes structures qui appellent à une manifestation, devant la Cité de l’immigration, en ce jour d’ouverture.
Paris, le 10 octobre 2007