Pass sanitaire, réformes : quoiqu’il nous en coûte ?

Communiqué SUD Culture Solidaires

Lors de son discours du 12 juillet, Emmanuel Macron a annoncé la généralisation du pass sanitaire et le retour de ses réformes antisociales. Le pass sanitaire sera notamment nécessaire pour accéder aux lieux culturels dès le 21 juillet Une mesure d’injustice sociale. Une rupture d’égalité.

Ci-git l’émancipation par la culture

La couverture vaccinale est inégale en fonction de la classe sociale et du lieu de résidence. Plus on est pauvre, plus on est isolé-e, moins on est vacciné-e. Aussi, l’obligation de présenter un pass sanitaire pour fréquenter les lieux culturels en éloigne un peu plus les classes populaires, déjà « empêchées ». Et certains lieux pourraient même y perdre leur âme, si l’on songe par exemple aux bibliothèques municipales, dont l’accès est par nature libre et inconditionnel.

Pass sanitaire vs politique de santé publique ?

Plutôt que de mettre en place une vraie politique de santé publique qui permette aux populations les plus précarisées de se faire dépister, vacciner, soigner, Emmanuel Macron a choisi la menace et la coercition. La fin de la gratuité des tests PCR est à ce titre une absurdité de plus. L’accès à la vaccination doit être réel pour tout-es quel que soit sa classe sociale ou son lieu de résidence. Mais à quoi bon convaincre et donner les moyens lorsque l’on peut contraindre et exclure ?

Pass sanitaire dans la Culture : précipitation et incertitudes

Entre annonces péremptoires d’Emmanuel Macron, recadrage d’Olivier Véran et navigation à vue du Ministère de la Culture, c’est une véritable cacophonie. Ainsi, le ministre de la santé déclare que les salarié-es des lieux culturels auront jusqu’au 30 août pour se faire vacciner, alors que le même jour le Ministère de la Culture assure qu’il n’est pas question d’obligation vaccinale des agent-es de la Culture.

Ce qui est sûr, c’est que la culture va de nouveau faire les frais de cette précipitation. La mise en œuvre en une semaine de ce pass sanitaire va génèrer bien des difficultés pour l’ensemble des lieux culturels et autres festivals. Nombre d’entre eux ne disposent ni du matériel pour effectuer le contrôle, ni même des effectifs.

Cette mesure risque de créer de fortes tensions entre les visiteurs/euses, notamment celles et ceux qui seront recalé-es, et les personnels chargés du contrôle. D’autant que le pass sanitaire n’a de valeur qu’au sein de l’Union Européenne, les ressortissant-es extra-Européen-nes devront présenter un test PCR ou antigénique, une complication de plus.

Qui devra faire ces vérifications ? Vraisemblablement les salarié-es « essentiel-les », les premiers/ères de corvée, déjà à bout de nerfs après 1 an et demi à devoir travailler sans équipements de protections fiables tandis que d’autres étaient abrité-es…

SUD Culture réclame depuis le début de la crise la sanitaire, la mise à disposition de masques FFP2 pour les personnels. Une mesure de prévention efficace à laquelle n’a jamais fait droit le Ministère de la Culture, qui a opté, sur ordre gouvernemental, pour des dotations de masques en slip dont les normes ont été créées en cours de pandémie alors que la pénurie faisait rage.

La réforme de l’assurance chômage et des retraites, le deuxième coup de massue !

Emmanuel Macron profite de son annonce sur le pass sanitaire pour imposer en catimini le retour de ses « réformes » libérales des retraites et de l’assurance chômage. Par l’occupation des lieux culturels au printemps dernier, le monde de la Culture et les précaires avaient déjà affirmé leur refus catégorique de ses réformes. Encore une fois, E. Macron fait fi des luttes sociales et des salarié-es pour imposer de manière autoritaire ses conceptions libérales : faire des économies sur les plus précaires et sur le dos des salarié-es.

SUD Culture Solidaires dénonce l’ensemble des mesures annoncées par Emmanuel Macron. Nous refusons de vivre dans un monde autoritaire où un individu seul impose à l’ensemble de la population sa vision libérale du monde !

Main basse sur nos cotisations ?

Union syndicale Solidaires

Si le projet de loi portant prolongation de l’état d’urgence sanitaire a été longuement commenté, celui portant « diverses dispositions urgentes pour faire face aux conséquences de l’épidémie de COVID 19 » l’est beaucoup moins. Bien à tort. Car ce projet de loi contient quelques dispositions particulièrement dangereuses et explosives. Comme par exemple celle contenue dans son article 3 ainsi rédigé « […] le Gouvernement est autorisé à prendre par ordonnance, dans un délai de douze mois à compter de la publication de la présente loi, les mesures […] destinées, afin d’améliorer la gestion de la trésorerie de l’État, à prescrire […] le dépôt sur le compte du Trésor des disponibilités des personnes morales soumises aux règles de la comptabilité publique et d’organismes publics ou privés chargés d’une mission de service public. »

Dit comme cela, évidemment rien de quoi inquiéter une population même avertie. Sauf qu’il s’agit ni plus ni moins de garantir la solvabilité de l’Etat dans une période où celui-ci est obligé à emprunter de fortes sommes sur les marchés financiers. Et donc assurer aux créanciers qu’en cas d’insolvabilité, ils pourront compter sur l’ensemble des disponibilités financières des organismes cités dans l’article, y compris donc celles des organismes sociaux. Au nombre desquels figurent les gestionnaires des régimes de retraites de base et complémentaires. Ainsi des AGIRC ARRCO, tout comme celui des professions libérales dont les avocats fortement mobilisés contre le projet de retraites.

C’est ni plus ni moins autoriser l’Etat à mettre la main en cas de difficultés sur nos cotisations de retraites complémentaires ! Tout cela par ordonnances, donc sans débat !

Actuellement en discussions devant l’assemblée, ce projet de loi et cet article ont fait l’objet de très nombreux amendements visant à le supprimer et au moins restreindre son champ d’application : tous ont été rejetés, ce qui démontre bien les intentions du pouvoir qui n’entend rien céder, pas même à la marge. Alors que la population s’est opposée majoritairement au projet de réforme des retraites, il ne s’agit pas maintenant que l’Etat au nom de l’état d’urgence sanitaire fasse main basse sur nos cotisations ! Tout comme le retrait définitif du projet de loi retraites, nous exigeons l’abrogation de cet article inacceptable.

La retraite, on s’est battus pour la gagner, on se battra pour la garder !

Paris, le 14 mai 2020

Communiqué intersyndical du 16 mars 2020

Face à la crise sanitaire mondiale obligeant chacune et chacun à respecter les consignes de protection pour contenir la propagation du virus, nos organisations syndicales et de jeunesse ont décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre les actions programmées.

Ainsi, elles décident de reporter la « vraie conférence » prévue pour se tenir le 24 mars prochain et à laquelle d’ores et déjà des experts d’horizons divers avaient donné leur accord.

De la même façon, elles reportent la mobilisation sous forme de grève interprofessionnelle annoncée et en cours de préparation pour le 31 mars.

Elles demandent au gouvernement de prendre la mesure de la crise actuelle et de prendre en considération l’exigence de renforcement de notre système de sécurité sociale dont les retraites sont une partie essentielle. Celui-ci constitue à chaque moment de crise un filet de sécurité essentiel et ne saurait être affaibli. Elles réitèrent leur demande de suspension immédiate du processus législatif concernant la réforme des retraites.

L’intersyndicale n’en demeure pas moins mobilisée et convaincue de la nécessité d’obtenir le retrait du projet du gouvernement et l’ouverture de négociations permettant d’améliorer les droits à la retraite dans le cadre du système actuel.

https://solidaires.org/Communique-intersyndical-du-16-mars-2020

Coronavirus : les plus précaires sont les plus vulnérables

Communiqué Union syndicale Solidaires

Muriel Pénicaud a annoncé, dans la foulée du discours d’Emmanuel Macron, la prise en charge du chômage partiel et son indemnisation au delà du smic. Cette mesure est positive et va contribuer à permettre aux personnes de se préserver sans perdre leur revenu. Mais elle ne concerne pas tout le monde !

Du fait de la crise qui arrive et de son impact sur l’activité économique, de nombreuses personnes en situation de précarité vont se trouver sans emploi et sans paie : travailleurs et travailleuses intérimaires, vacataires dans la fonction publique, auto-entrepreneur·euses, intermittents du spectacle…

L’annonce faite de Pénicaud ce matin est donc bien insuffisante. Après une première phase en novembre dernier, la réforme de l’assurance chômage devait encore plus réduire l’indemnisation du chômage au 1er avril. Il aura suffit d’une situation de crise comme celle que nous traversons aujourd’hui pour se rendre compte que cette réforme est totalement injustifiée, précisément quand les personnes en situation de précarité ont le plus besoin d’être soutenues. Ce n’est pas d’un simple report dont ils et elles ont besoin mais que cette réforme soit abandonnée. De même que celle des retraites qui va encore aggraver la situation des chômeurs et chômeuses âgées et des retraité·es qui auront connu des périodes de chômage.

Par ailleurs, Emmanuel Macron a annoncé un report de la fin de la trêve hivernale. Là aussi, la mesure est positive mais très loin des besoins. Au vu des enjeux de la période, il est indispensable de réquisitionner les logements vides et les appartements loués en AirBnB ! De plus, les personnes les plus fragiles ou isolées que la société a invisibilisé ou ignore comme les mineur-es isolé-es non accompagné-es, les réfugié-es, les personnes non sédentaires comme les « gens du voyage », les personnes addictives à risques et les sans domiciles fixes doivent faire l’objet d’un suivi sanitaire et de soins encore plus important. Il faut enfin recruter des éducateurs-trices et personnels travaillant dans le lien social auprès des personnes les plus précaires.
Avec la période difficile qui s’annonce, nous exigeons des mesures immédiates qui permettent à tous et toutes les salarié·es quelque soit leur statut de bénéficier de la même protection contre la crise qui vient et donc le maintien du salaire pour les intérimaires, vacataires, salarié-es des sous-traitants…
Plus que jamais, nous exigeons l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage et l’arrêt de celles des retraites !

Paris, le 14 mars 2020