Attaques contre le statut de l’AFP : réponse intersyndicale

La ministre de la culture, Mme Christine Albanel, a proposé dimanche un service spécial de l’AFP de diffusion des communiqués que l’ensemble de la rédaction et de ses organisations syndicales juge contraire à la définition même du travail journalistique et tout simplement peu réalisable dans les faits.

Cette nouvelle « proposition » après les mises en cause de l’agence par le porte-parole de l’UMP, auquel les syndicats ont déjà répondu en détail, et par le Président de la République devant les siens, est ressentie comme lourde de menaces contre l’AFP dans le contexte actuel et appelle plusieurs remarques :

– Mme Albanel a peut-être voulu « calmer le jeu » dans son camp en ménageant la chèvre et le chou. Mais elle a ainsi mis en cause le travail rédactionnel de mise en perspective, de choix, et de hiérarchisation de l’information qui est le principal travail des journalistes de l’agence. Elle montre aussi qu’elle n’a qu’une idée assez vague du travail des journalistes qui reçoivent des centaines de communiqués chaque jour. Ces derniers, livrés tels quels, seraient incompréhensibles et n’auraient aucun public.

– Il se trouve que dans le passé, l’AFP a eu un service purement technique et n’exigeant pas de travail rédactionnel, qui consistait à diffuser à des abonnés qui le souhaitaient les communiqués et décisions de collectivités locales. Le même chose existe avec des entreprises. De tels services, purement techniques et non rédactionnels, sinon une éventuelle médiation pour éviter des communiqués aux contenus illégaux, ont un coût et n’ont jamais pu être rentables, faute de clients prêts à les payer. Si dans le cadre du nouveau COM, Mme Albanel est prête à prévoir un budget pour un tel service, elle aura peut-être quelque chose à discuter avec le PDG de l’AFP qu’elle doit rencontrer vendredi prochain.

– A l’heure où tout parti, tout syndicat, toute entreprise ou collectivité locale peut mettre ses communiqués sur son site internet, on voit mal la valeur ajoutée apportée par une diffusion par les moyens techniques de l’AFP à des abonnés qui le souhaiteraient et seulement à eux. Car il ne saurait en aucun cas être question d’imposer un tel flux de prose de valeur trop variable et incertaine à l’ensemble des abonnés. Ce serait en plus nier le caractère journalistique et indépendant de l’agence qui n’est pas jusqu’à nouvel ordre une agence de pub ou de communication.

Une telle transformation de l’AFP est-elle l’objectif des attaques venues du pouvoir actuel qui songe peut-être à de nouveaux cadeaux aux frais de la République aux « amis » de grands groupes de communication ?

Loin d’être un procès d’intention, une telle inquiétude est justifiée par le contexte actuel de remise en cause du statut très particulier de l’AFP qui a su lui garantir, bon an mal an, 50 ans d’indépendance éditoriale, au moment où est interminablement négociée la reconduction du Contrat d’objectifs et de moyens (COM) pour les années à venir. Ce dernier, qui prévoit notamment le montant des abonnements de l’Etat, devait être signé à la fin de l’an dernier avec l’Etat.

Les syndicats de l’Agence appellent tous les journalistes au premier chef et tous les citoyens à être vigilants et à défendre si besoin est leur droit à l’information, dont l’existence d’une AFP indépendante est un des principaux garants.

Il est temps que les représentants de l’Etat jusqu’au plus haut niveau, que les élus de la nation jouent tout leur rôle en cessant ces attaques intolérables contre la rédaction de l’agence pour tenter de la mettre en condition.

Ils devraient plutôt se pencher sur une véritable politique de développement de l’AFP avec tous les moyens financiers afférents, afin de mieux encore récolter et de diffuser l’information en France comme dans le monde, ce en 6 langues 24H/24 365 jours par an et assurer ainsi le pluralisme des sources d’information.

Après les propos tenus par la ministre, les syndicats demandent à être reçus par Mme Albanel.

Ils appellent une nouvelle fois la Direction de l’AFP et en premier lieu le Président Pierre Louette à protéger plus que jamais les acquits du statut de 1957.

Le 12 Mai 2008


Voir sur le site de Sud AFP (membre de l’Union SUD Culture Solidaires qui comprend également SUD Radio France, SUD France3, SUD Culture TV5Monde et SUD Culture)

Toutes et tous en grève le jeudi 15 mai pour la défense et l’amélioration de la Fonction publique et pour l’essor du service public culturel

L’intersyndicale Culture et les personnels ont appelé à la convergence des luttes des différents ministères. Une grande journée de manifestations et de grève est prévue pour le 15 mai à l’appel de quasiment toutes les organisations syndicales de la Fonction publique sous des formes diverses pour la défense et l’amélioration de la Fonction publique, et pour le développement de services publics de progrès social au service de la population.

Cet appel à la grève intervient dans le contexte d’une levée de boucliers contre la Révision Générale des Politiques Publiques, contre les violentes attaques du gouvernement et de la majorité sur le Statut général des fonctionnaires et l’emploi public. Partout, dans tous les ministères, des luttes sont ainsi engagées pour faire échec à la politique de casse du service public et à ce qui constitue bel et bien un plan social touchant l’ensemble de la Fonction publique (à raison de 35 000 à 40 000 suppressions d’emplois par an).

Au Ministère de la Culture, la mobilisation n’a cessé de croître depuis l’automne. Au travers de rassemblements et manifestation massifs, de forte participation à la grève ou encore d’occupations remarquées de directions et bureaux, les personnels ont fait entendre fort et clair qu’ils ne céderaient pas une once de terrain au plan de la défense du service public culturel et de toutes ses missions comme sur celui de la défense de leurs emplois, statuts et droits.

Le 29 avril, les organisations syndicales étaient conviées, par le cabinet du Ministère de la Culture, à une réunion censée établir un « calendrier de travail » pour discuter de leurs futures mesures RGPP. De véritable débat, il n’y en a jamais eu jusqu’ici, ni sur les conséquences des restructurations ni sur l’emploi. L’intersyndicale Culture ne reviendra à la table des discussions que sur la base d’informations préalables et précises sur les implications concrètes des diverses restructurations qui vont toucher le ministère : missions et devenir des personnels.

D’ores et déjà, l’unité et la force exemplaires de ce mouvement de fond ont fait reculer Christine Albanel et son cabinet quant à leurs projets néfastes, notamment en ce qui concerne la sphère muséale et plus particulièrement le devenir des musées sous statut de services à compétence nationale.

Bien que sensiblement ébranlée par la détermination et la pugnacité des agents à dire non à la RGPP, la ministre de la Culture entend maintenir coûte que coûte le cap fixé par le Président de la République et le Premier ministre : démantèlement de structures ; cure d’austérité budgétaire dans le cadre général d’un vaste plan de désengagement de l’Etat.

Alors que le 3ème Conseil de Modernisation des Politiques Publiques devrait se tenir fin mai, toujours sous l’égide de Nicolas Sarkozy, la journée de grève du 15 mai doit sans nul doute permettre à notre mouvement de franchir un nouveau palier.

Les semaines à venir seront cruciales.

Les convergences nécessaires sont mises en oeuvre par l’intersyndicale Culture avec l’ensemble des acteurs culturels qui pâtissent eux aussi de la politique de Christine Albanel.

Les convergences s’étendent non seulement à toute la Fonction Publique mais aussi bien au delà avec tous ceux qui refusent l’instauration d’une société profondément inégalitaire.

Avec 301 manifestations dans toute la France et plus de 200 000 personnes dans les rues le 1er Mai, la fête des travailleurs, vient de donner le coup d’envoi d’un mois de mai à très forte tonalité sociale. Cette journée placée sous le signe de l’unité syndicale a de nouveau montré la volonté des salariés de se battre sur les questions brûlantes des salaires et des retraites.

Ce pouvoir politique quoi qu’il en dise n’a aucune légitimité à détruire les services publics et les acquis sociaux.

Ce sont les travailleurs qui tout au long des décennies passées ont conquis de haute lutte ces acquis.

Ce sont les salariés qui ont construit une Fonction publique au service de tous. Aujourd’hui, c’est tout cela qui est contesté par ce gouvernement.

NON, nous ne capitulerons pas devant ceux qui veulent imposer l’abandon de l’intérêt général au profit des intérêts particuliers de certains.

Ceux-là même qui possèdent et en veulent toujours plus !

Ceux-là même qui veulent moins de service public.

Ceux pour qui le mot SOLIDARITE ne signifie rien.

L’intersyndicale convaincue que seule la convergence des luttes permettra de mettre en échec cette politique gouvernementale, appelle l’ensemble des personnels du Ministère de la Culture
à prendre part massivement à la journée de grève et de manifestations du 15 mai.

N.B : Un préavis de grève a été déposé couvrant l’ensemble des personnels du ministère, de droit public et de droit privé.

5 mai 2008

Culture : le Synavi lance aussi un APPEL À TOUS LES CITOYENS POUR UNE RELANCE GÉNÉRALE DES POLITIQUES PUBLIQUES

Nous refusons avec la plus grande détermination l’application sans concertation de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), contraire à l’idée même de bien public et à toute pensée et politique novatrices.

Du 24 au 31 mai 2008, partout en France, dans tous les lieux de création des arts vivants nous appelons au témoignage, à la revendication, à l’organisation solidaire pour une Relance Générale des Politiques Publiques !

C’est à une accélération sans précédent du renoncement à la notion de bien public et de service public à laquelle nous assistons, à un processus de désengagement entrepris depuis plusieurs années et dont on voit maintenant très clairement l’objectif poursuivi : la privatisation de l’ensemble des richesses collectives. Voici un rapt qui nous lèse tous, dans notre avenir, dans celui de nos enfants.

Cette politique très organisée, dans de multiples secteurs où la notion de service public tendait à assurer une égalité pour chaque citoyen, est une négation de la dimension sociale et collective. Qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, des universités et de la recherche, de la justice, de la poste, des transports collectifs, mais aussi de l’accès à la culture, à l’art et à la création artistique, avec constance ce gouvernement démantèle, désorganise et liquide les fondements du pacte républicain.

Dans les dernières décennies, de nombreuses mutations sociétales se sont opérées : les services publics ont couvert en grande partie les territoires, avec une dynamique favorisée par le développement considérable des mutations techniques et permettant une plus grande proximité avec l’usager. Mais dans le même temps, nous avons vu aussi se développer une marchandisation de la presque totalité des secteurs, nous avons assisté à leur mise aux normes des valeurs marchandes et du libéralisme, de la finance et des intérêts privés qui se substituent peu à peu à l’intérêt général.

Au-delà du secteur public, des salariés sont en lutte pour la défense de leurs droits les plus élémentaires. Le droit à ne plus être considérés comme des clandestins et pour d’autres à pouvoir travailler là où vivent leurs familles ; à s’assurer ne serait ce que le minimum nécessaire à une vie dans la dignité ; à ne pas connaître une espérance de vie de dix ans moindres que les autres travailleurs ; à bâtir un avenir d’émancipation pour chaque personne, où qu’elle soit et qu’elles que soient ses origines et conditions sociales.

Aujourd’hui, nous voyons se multiplier des initiatives, des appels à réagir [[- Journée nationale du 29 février 2008 contre le désengagement de l’État dans l’art et la culture et pour la défense de la diversité artistique et culturelle

Actions et pétitions

 « Le service public est notre richesse : mobilisons-nous !», contact@service-public-notre-richesse.fr

 Appel à défendre la culture, intersyndicale du ministère de la Culture CFDT – CFTC- CGT- FO- FSU – SUD – UNSA

 « Sauvons l’université ! », sauvonsluniversite@googlegroups.com

 grève des enseignants et manifestation le jeudi 15 mai

+ autres appels et actions nationales et locales à venir]], à se mobiliser, et nous nous y associons sans réserve. À ce mouvement, nous voulons contribuer le plus utilement possible : nous proposons de mettre nos énergies et nos outils de travail à la disposition d’une lutte solidaire et transversale à l’ensemble des champs et secteurs concernés.

Nos lieux de travail sont faits pour des actions partagées et pour la parole adressée publiquement. Pour dire quelle société nous souhaitons construire ; en quoi et comment nous aspirons à nous enrichir mutuellement de l’expérience et des savoirs humains et professionnels ; quelle place est faite dans nos cités, dans nos entreprises, dans nos espaces publics pour que soient mis en œuvre des processus d’émancipation, pour que soient démultipliées les démarches de mise en représentation du monde et que puissent ainsi s’ouvrir des horizons.

Du 24 au 31 mai, dans nos cités, dans nos quartiers, dans ces espaces ouverts au débat [[– théâtres, fabriques de création, lieux d’exposition, cinémas, lieux de musique vivante, espaces transversaux, Centres culturels, MJC et lieux d’éducation populaire, lieux ouverts et publics, etc…]], vivons et disons notre exigence, dressons nos revendications comme autant d’appels à s’organiser. Pour que le mouvement aujourd’hui engagé se développe et s’élargisse, mettons nos efforts et nos aspirations en commun, manifestons notre volonté pour une société solidaire et juste.

Pour agir ensemble et trouver toute information et contact : SYNAVI 36 cours Général Giraud 69001 LYON – tel : 04.78.39.47.17 Port : 06.68.62.00.69 – Mail : contact@synavi.info

Nous sommes un tiers secteur de la culture : des compagnies, des structures, équipes et collectifs des arts de la scène et de la culture, organisés au sein du SYNAVI (Syndicat national des arts vivants) et rassemblés au sein de l’UFISC (Union fédérale d’intervention des structures culturelles).

« L’information, c’est notre affaire », 17 mai 2008 – Où ? Quoi ? Comment ?

Téléchargez ici l’Ordre du jour provisoire de la deuxième session des Etats généraux et modalités de participation« L’information, c’est notre affaire » est un appel à une nouvelle session des Etats généraux pour une information et des médias
pluralistes.
SUD Culture Solidaires participe à cette 2 ème session qui aura lieu
samedi 17 mai, 9h-18h, Bourse du travail, à Paris (M° République). Celles
et ceux qui se sentent intéressés y sont cordialement invité-es : voir le
programme et les modalités de participation en fichier joint.