Deuxième session des Etats Généraux pour le pluralisme : « L’information et le service public, c’est notre affaire »

Le samedi 17 mai, à la Bourse du travail de Paris, s’est tenue la deuxième session des Etats Généraux pour le pluralisme. Les organisateurs se sont accordés sur une déclaration finale résumée ci-dessous.

L’information, c’est notre affaire. Le droit d’informer doit être accessible à tous. Les médias sans but lucratif (et parmi eux les médias associatifs et syndicaux) doivent bénéficier prioritairement des aides publiques, directes et indirectes, bénéficiant paradoxalement, à ce jour, aux médias les plus mercantiles et, de fait, aux publicitaires. La remise en cause des ordonnances de 1944 et 1945 sur la presse sont inacceptables, comme le sont les abandons des tarifs postaux privilégiés et du taux réduit de TVA, ainsi que la perspective d’une libéralisation de la distribution de la presse.

L’information est un bien public. Ce ne doit pas être un bien privé soumis notamment à des censures arbitraires et à de secrets discrétionnaires. La protection des sources doit être garantie par une loi qui ne laisse aucune prise aux interprétations abusives de la police et de la justice. Les secrets commerciaux et bancaires doivent être levés. Les entreprises doivent être accessibles aux journalistes soucieux d’enquêter sur les conditions de travail.

Le droit d’être informé ne devrait excepter aucun domaine. Or, l’information sur les questions et les mobilisations sociales est atrophiée. Le droit d’informer, qui est aussi celui de tous les acteurs de la vie sociale, est confisqué par des responsables de rédaction qui prétendent de surcroît exercer un véritable droit d’ingérence dans l’organisation démocratique des mobilisations. Sans développement d’un réel pluralisme, les contestations que suscitent de tels abus resteront légitimes.

Le service public, c’est notre affaire

Contre la volonté de le dépecer aux bénéfice des télévisions privées et, plus généralement, de la constitution de « médias globaux » essentiellement privés eux aussi, il est urgent de sauver le service public de l’audiovisuel et de le développer. Un financement des chaînes publiques indépendant de la publicité et pérenne suppose, notamment, que la redevance, rendue proportionnelle aux revenus, pour ne pas aggraver la baisse du pouvoir d’achat des plus démunis, soit augmentée. Or, la « réforme » qui se prépare aura notamment comme conséquences un sous financement du sous-financement du secteur public, une centralisation et une rentabilisation lourde de menace sur l’emploi, sur la diversité des programmes et sur le pluralisme de l’information, la constitution d’un secteur public de seconde zone rendu disponible pour de nouvelles privatisations.

Contre les tentatives d’asservir l’information et la culture aux prétendues lois du marché, il est urgent de construire un pôle public et associatif des médias sans but lucratif, véritable service public de l’information et de la culture, garant du pluralisme, riche de sa diversité et respectueux de la multiplicité de ses formes. Dans ce but, la concession des chaînes privées à des groupes dépendants de marchés publics doit cesser. Pour cette raison, entre autres, la déprivatisation de TF1 doit être mise en œuvre. Les dispositions contre les concentrations multimédias doivent être renforcées. Le statut public de l’AFP, aujourd’hui menacée de privatisation, doit être conforté. Les médias du tiers secteur doivent être soutenus, par un fond de soutien mieux doté et étendu aux télévisions associatives. Celles-ci, comme les radios associatives, doivent bénéficier d’un droit d’accès à tous les réseaux de diffusion.

Puisque l’information et le service public sont notre affaire, c’est l’affaire de tous de se mobiliser pour défendre le pluralisme contre les attaques frontales qu’il subit et pour exiger son expansion.

Paris, le 19 mai 2008 – Contact : 06 21 21 36 13.

« L’information et le service public, c’est notre affaire » : Déclaration finale de la deuxième session

Sous le titre « Pour des médias soustraits à l’emprise des pouvoirs économique et politique », la déclaration finale de la première session des Etats généraux, tenue en septembre 2006, présentait un ensemble d’exigences et de propositions qui n’ont rien perdu de leur actualité. Bien au contraire. Confirmées, elles appellent des compléments

Sous le règne de Sarkozy, le pouvoir politique, le pouvoir financier et le pouvoir médiatique se tiennent par la main. Rarement, depuis des décennies, l’interdépendance entre le premier, administré nationalement par un chef de clan, et les seconds, détenus par une oligarchie de plus en plus concentrée, a atteint un tel degré. Les restructurations économiques en cours dans la presse quotidienne, les menaces qui pèsent sur l’audiovisuel public et les facilités accordées aux groupes privés, la marginalisation voire l’étouffement des médias associatifs forment une politique cohérente contre laquelle les résistances s’organisent et doivent s’intensifier.

L’enjeu est d’importance. Le droit à l’information – le droit d’informer et le droit d’être informé – ne doit pas être simplement proclamé : il doit être garanti (comme tous les droits sociaux aujourd’hui menacés par la conjugaison du libéralisme économique et de l’autoritarisme politique) et bénéficier en conséquence des ressources correspondantes.

L’information, c’est notre affaire. Ce n’est ni celle des gouvernants et des propriétaires des médias, ni celle des chefferies éditoriales et des prétendues élites qui les servent, ni celle des publicitaires qui la défigurent et des chargés de communication qui la maquillent. C’est celle de chacun et de tous, et particulièrement des journalistes professionnels, des citoyens-journalistes des médias du tiers secteur, des associations d’usagers et de critique des médias, des syndicats et des associations, et du public lui-même qui sont tous partie prenante, à des titres divers, de la production de l’information.

Le droit d’informer doit être accessible à tous ; tous doivent disposer des moyens appropriés de l’exercer. La pluralité des supports et la multiplicité des médias ne sont pas par elles-mêmes une garantie suffisante du pluralisme de l’information, indissociable de la diversité de ses sources et de ses formes. Les médias sans but lucratif (et parmi eux les médias associatifs et syndicaux) doivent bénéficier prioritairement des aides publiques, directes et indirectes, bénéficiant paradoxalement, à ce jour, aux médias les plus mercantiles et, de fait, aux publicitaires. La remise en cause des ordonnances de 1944 et 1945 sur la presse sont inacceptables, comme le sont les abandons des tarifs postaux privilégiés et du taux réduit de TVA, ainsi que la perspective d’une libéralisation de la distribution de la presse.

L’information est un bien public. Ce n’est pas – ce ne doit pas être – un bien privé dont les propriétaires des médias, le patronat et les gouvernants disposent à leur gré, en multipliant notamment – visibles ou invisibles – les censures arbitraires, ainsi que les secrets discrétionnaires. La protection des sources doit être garantie par une loi qui ne laisse aucune prise aux interprétations abusives de la police et de la justice. Les secrets commerciaux et bancaires doivent être levés pour que puisse s’exercer une information économique digne de ce nom. Les entreprises, et en particulier les entreprises privées – où les salariés, quand ils ont un emploi, passent une part majeure de leur existence – sont de véritables « zones de non droit » à l’information : les syndicats et les représentants des personnels doivent pouvoir les rendre accessibles aux journalistes soucieux d’enquêter sur les conditions de travail.

Le droit d’être informé ne doit excepter aucun aspect de la vie économique, sociale, culturelle et politique. Or ni la qualité ni le pluralisme de l’information, notamment quand il s’agit des questions sociales et des questions internationales, ne sont véritablement garanties : ce sont des rubriques généralement sacrifiées sur l’autel de l’audimat et de la rentabilisation financière. En particulier, l’information sur les questions et les mobilisations sociales, notamment quand elles émanent des associations et des syndicats, sont atrophiées. Leurs propositions et les motifs de leurs actions sont trop souvent tus ou défigurés par des experts en contre-réformes. Le droit d’informer, qui est aussi celui de tous les acteurs de la vie sociale est confisqué par des responsables de rédaction qui prétendent de surcroît exercer un véritable droit d’ingérence dans l’organisation démocratique des mobilisations. Sans développement d’un réel pluralisme, les contestations que suscitent de tels abus resteront légitimes.

Le service public, c’est notre affaire – Regarder la télévision, écouter la radio, et consulter, de plus en plus, Internet sont parmi les principales pratiques culturelles des français. Il n’est pas acceptable qu’elles soient livrées à des groupes privées qui les traitent en clients et en clients des publicitaires, simplement parce que leur principal objectif est la maximisation des profits. Il n’est pas acceptable que le pluralisme de la presse écrite d’information générale soit sacrifié par des rentabilisations strictement commerciales et des investissements dans les médias les plus profitables.

Contre la volonté de le dépecer, il est urgent de sauver le service public de l’audiovisuel et de le développer. Sous couvert d’envisager l’avenir de l’audiovisuel public, le pouvoir en place met tout en œuvre, à travers le mascarade de la Commission Copé pour une Nouvelle Télévision Publique, pour soutenir les chaînes privées et, plus généralement, la constitution de « médias globaux » essentiellement privés eux-aussi. Un financement des chaînes publiques indépendant de la publicité et pérenne suppose, entre autre pistes compensatoires, que la redevance, rendue proportionnelle aux revenus pour ne pas aggraver la baisse du pouvoir d’achat des plus démunis, soit augmentée. Or la « réforme » envisagée, telle qu’elle se prépare, aura en réalité des conséquences désastreuses : le sous financement du sous-financement du secteur public, et partant des radios associatives, une centralisation et une rentabilisation impliquant, sous couvert de « synergies », de lourdes menaces sur l’emploi, sur la diversité des programmes et sur l’information, avec la disparition du pluralisme au niveau national, régional et local. Résultat : la constitution d’un secteur public de seconde zone, replié derrière d’illusoires frontières et rendu disponible pour de nouvelles privatisations.

Contre les tentatives d’asservir l’information et la culture aux prétendues lois du marché, il est urgent de construire un pôle public et associatif des médias sans but lucratif, véritable service public de l’information et de la culture, garant du pluralisme, riche de sa diversité et respectueux de la multiplicité de ses formes. Ce qui suppose d’abord qu’il soit fait barrage aux nouvelles tentatives de privatisation et de renforcement des groupes privés. La concession des chaînes privées à des groupes dépendants de marchés publics doit cesser. Pour cette raison, entre autres, la déprivatisation de TF1 doit être mise en œuvre. Les dispositifs contre les concentrations multimédias doivent être, de surcroît, renforcés et non pas allégés. Le statut public de l’AFP, aujourd’hui menacée de privatisation, doit être conforté. Les médias du tiers secteur doivent être soutenus, par un fonds mieux doté et étendu aux télévisions associatives. Celles-ci, comme les radios associatives, doivent bénéficier d’un droit d’accès à tous les réseaux de diffusion. Ainsi un pôle public des médias (incluant l’AFP) serait constitué et pourrait nouer un partenariat privilégié avec tous les médias sans but lucratifs qui, affranchis de la pression des actionnaires et des publicitaires, contribuent au service public.

A toutes ces exigences démocratiques, les gouvernants, depuis le tournant libéral pris il y a plusieurs décennies, ont répondu généralement par des fins de non recevoir. A ces exigences démocratiques, la majorité du moment, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy, tourne complètement le dos. Mais puisque l’information et le service public sont notre affaire, c’est l’affaire de tous, individuellement et collectivement, de se mobiliser pour défendre le pluralisme contre les attaques frontales qu’il subit et pour exiger son expansion.

Premiers signataires (17 mai 2008) :

ACJ, Acrimed, Le Dispositif, FNVPQ, Métazone, SNJ, SNJ-CGT, Sud Culture, Union syndicale Solidaires,… ???

CONTRE LA RGPP, MOBILISONS NOUS AVEC FORCE LE 15 MAI !

A plusieurs reprises, Christine Albanel a vainement tenté de vous convaincre que la RGPP appliquée au ministère de la culture constituerait LA grande avancée moderne attendue depuis 50 ans. Elle a aussi voulu vous faire croire que les organisations syndicales avaient été constamment associées aux discussions et aux prises de décisions.

Il n’en est rien. La RGPP appliquée à notre ministère c’est la casse de son architecture et de ses missions, ainsi qu’une précarité aggravée et insupportable pour ses personnels, bientôt licenciables à merci.

Quant au « dialogue social », il s’est réduit à une véritable mascarade. Sa seule vocation fut de transmettre la bonne parole ministérielle étayée de quelques rares informations distillées au compte-gouttes par les casseurs du Ministère et de la politique culturelle de ce pays. L’important dispositif policier déployé lors du rassemblement du 19 avril a, par ailleurs, montré qu’il fallait écarter les agents directement concernés par ces mesures, lesquels font figure de trublions en puissance. Les organisations syndicales ont refusé ce jeu de dupes et indiqué qu’elles ne reviendraient à la table des discussions que sur la base d’informations précises sur les implications concrètes des diverses restructurations qui vont toucher le ministère : missions et devenir des personnels.

Vous savez que les semaines à venir seront cruciales pour l’avenir du Ministère, des DRAC, des opérateurs culturels, des personnels et de leurs missions.

Le personnel du ministère de la culture a été particulièrement en pointe dans la contestation de la RGPP. Aujourd’hui, les convergences se sont étendues avec nos autres collègues des ministères puisque c’est l’ensemble de la Fonction publique qui est gravement menacée par la politique destructrice de Nicolas Sarkozy.

C’est pourquoi il est important que la grève du 15 mai soit la plus massive possible. Dans les administrations centrales, dans les musées, dans les monuments, dans les DRAC, dans les SDAP,… Partout, nous devons réaffirmer avec force notre refus de cette RGPP dont nous n’avons rien à attendre.

Notre présence dans la rue doit être également particulièrement visible (banderolles, pancartes diverses et variées) … et bruyante (amenez bidons et autres tambourins….). En province, nous invitons les personnels dépendant du ministère à organiser des « cortèges » culture au sein des différentes manifestations. A Paris, afin que les revendications du personnel culture aient le maximum de visibilité, SUD Culture Solidaires privilégie une présence au plus près de la tête de la manifestation, avant le cortège de l’Education Nationale, à la fin du cortège de Solidaires.

SUD Culture Solidaires, le 14 mai 2008