Vous pouvez lire, dans cet article, une expression SUD Culture Louvre en réaction à la dégradation des conditions de visite et de travail dans les espaces ouverts au public cet été (et ce n’est pas terminé !).
Ce n’est plus possible de laisser entrer autant de personnes dans des espaces qui ne peuvent accueillir autant de monde. La rencontre entre le public et les œuvres est de ce fait altérée.
Pour un musée qui avait mis l’accueil du public au centre de son projet, c’est un peu raté !
Car que fait-on ? On bricole, on constate les dégradations d’œuvres, du bâtiment et des équipements, on gère les tensions quotidiennes avec le public… et on croise les doigts pour que rien de trop grave n’arrive !
Et on se félicite d’exploser les records de fréquentation. Pourtant malgré de très nombreux départs en retraite des plus âgé-e-s et en mutation des plus jeunes, renforce-t-on les effectifs ? Bien sûr que non ! Aucun emploi vacant pour la surveillance et recours massif à l’emploi d’occasionnels !
Et on continue de fonctionner sur une organisation des salles et du travail des agent-e-s de surveillance qui est devenue obsolète.
Tant pis pour les œuvres, tant pis pour les agent-e-s, tant que l’argent entre dans les caisses, le ministère du budget sera satisfait !
Et la culture dans tout ça ?
Ne confondons pas massification et démocratisation culturelle !
Coup de colère estival de la Section Louvre
SUD Culture Solidaires
Le 16 août 2018, SUD Culture Solidaires a été alerté par des agent-e-s travaillant en zone muséographique sur les conditions de travail extrêmement dégradées dans plusieurs salles très fréquentées et notamment dans la salle des États et dans la Grande Galerie. L’affluence record de cet été dans ces salles emblématiques devient plus que préoccupante.
La salle des États accueille jour après jour beaucoup trop de monde, les gens se bousculent, les enfants et personnes âgées sont compressés dans une foule aux mouvements aléatoires, le système de gestion de flux n’est plus adapté. Tout ceci entraîne du mécontentement, des tensions, des conflits et peut créer des accidents voire de la panique. Cette situation est indigne du plus prestigieux des musées. Les agents postés n’en peuvent plus et ne se sentent pas assez soutenus par une hiérarchie parfois en plein déni.
Régulièrement les agents sont interpellés de manière virulente par des visiteurs les accusant de ne pas faire correctement leur travail : « On ne voit pas la Joconde, on ne respire plus, faites avancer, faites votre boulot », etc.
Cette situation n’est pas acceptable ! Les agents sont pris à partie et, à la première doléance de visiteurs, sont a priori suspectés d’avoir mal agi.
On nous parle d’un meilleur accueil et on continue à recevoir des dizaines de milliers de visiteurs quotidiennement dans la salle des États, c’est incompréhensible et contradictoire.
Dans cette même salle l’utilisation des plots et cordons est aussi très loin d’être satisfaisante. Les cordons à hauteur du cou ou du visage des enfants peuvent blesser. Les plots eux-mêmes, au niveau de l’abdomen des adultes, ne sont pas en reste. Les cordons des anciens plots, utilisés actuellement devant la Joconde (car les nouveaux plots glissent au sol et ne sont pas du tout adaptés), se détachent au moindre mouvement du public ce qui a provoqué dernièrement un envahissement rapide de l’espace réservé aux PMR devant la Joconde. Avec une telle foule le retour à une gestion normale est alors très compliqué.
Par ailleurs le 15/08/2018 à la fermeture du musée l’ambiance était très tendue entre les agents et les visiteurs qui ne comprenaient pas qu’on évacue à 17h45 un mercredi. Une fois de plus l’information de la fermeture à 18h (en raison du jour férié) n’a pas été suffisante sous pyramide et pour les achats de billets en ligne il n’y avait pas d’info pertinente. Pourquoi ne pas avoir pensé à enregistrer un message vocal à diffuser en salle ? Est-il si compliqué d’informer le public, de le respecter et par là même de faciliter le travail des agents d’accueil et de surveillance ?
La Grande Galerie également est quotidiennement victime de son succès. On peut constater, quand tous les fauteuils sont occupés, que les visiteurs s’assoient au sol de façon anarchique, de la Victoire de Samothrace jusqu’à Goya. L’escalier Mollien est régulièrement rempli de visiteurs assis sur les marches empêchant la circulation et le passage entre le 1er et le RDC !
L’effectif actuel ne permet plus de gérer de façon optimale un tel déferlement de visiteurs, les agents sont en souffrance. Il n’est plus décent de continuer à accueillir autant de visiteurs.
Jusqu’à quand cela va-t-il durer ? Faut-il attendre un accident grave pour prendre la mesure du problème ?
Mais parlons aussi des ascenseurs en surchauffe ou en panne ; parlons du bruit qui devient physiquement intolérable dans les salles déjà citées, mais aussi de la salle des Caryatides à l’Égypte en passant par la Vénus de Milo ; parlons des contrôles et notamment du contrôle Sully devenu trop étroit pour absorber, à l’heure de pointe, la surabondance de groupes.
Parlons aussi des conditions de travail dégradées sous pyramide qui affectent les agent-e-s de la DAPS et les salarié-e-s de la société Onet.
Enfin, ne minimisons pas l’état de saleté qui rajoute encore un sentiment de malaise. Les collègues assurant le nettoyage ne sont pas assez nombreux et équipés pour répondre aux exigences d’une telle foule, qui déverse sodas, nourriture et autres vomis dans les salles.
SUD Culture Solidaires demande à la direction de prendre ses responsabilités afin d’assurer ses obligations, de protéger le public et le personnel (agent-e-s du musée et salarié-e-s des sociétés prestataires) sans parler des œuvres face à une affluence en constante expansion.
Il s’agit aujourd’hui de respecter le principe de précaution : N’attendons pas que le viaduc culturel Louvre ne s’effondre !
SUD Culture Louvre
Paris, le 22 août 2018