«C’est dans les salles obscures que naissent les citoyens éclairés» (Slogan campagne de publicité MK2)
Mais pas que ! En effet, le 5 octobre 2005, Marin Karmitz mise sur la culture pour dynamiser le quartier Jaurès dans le 19e arrondissement et ouvre sa propre librairie à côté du cinéma MK2 quai de Loire. Au même titre que leurs collègues du MK2 bibliothèque avant eux, les libraires et DVDaires ont contribué à ce projet culturel et ont tenu à faire de ce lieu une référence pour le quartier et ses habitants ; un lieu de rassemblement, d’échanges, de découverte et convivialité. Pourtant, le 18 octobre 2021, les salariés des boutiques MK2 quai de Loire et Bibliothèque ont appris la fermeture définitive de leur lieu de travail. Malgré l’attachement des habitants du quartier et des salariés à cet endroit (qui jusque là se portaient bien), ils ont été condamnés à disparition par le biais de la sous- traitance.
«Un algorithme ne propose que ce que vous aimez déjà. Nous on propose ce que vous n’aimez pas encore» (Slogan campagne de publicité MK2 Curiosity)
En novembre 2019, la société MK2 décide de sous-traiter la gestion des boutiques au groupe Arteum axé sur l’exploitation de boutiques de musées. « Une nouvelle aventure » démarre, nous dit-on ! Tout cela au détriment de nos métiers et nos compétences. Avant même le début de la pandémie de Covid-19, nous assistions impuissants à la dégradation de nos conditions de travail : départs de salariés non remplacés et cela sur les deux sites (effectifs réduits quasiment de moitié) / interdictions de commander des ouvrages / budgets insuffisants / comptes fournisseurs fermés (et donc le refus d’honorer nos commandes clients) / allongement des tâches liés à des outils de travail inadaptés au livre ou DVD. Que de rendez-vous manqués sur les rentrées littéraires et les périodes de fêtes… Pendant ces deux ans, nous nous sommes trouvés démunis et privés de nos métiers, tout cela dans un climat de management agressif. Pour l’année 2020, nous aurions pu faire du click’n’collect pendant les moments de confinement et rouvrir à horaires normaux lorsque les mesures sanitaires le permettaient. Cela n’a jamais été sujet à discussion. Pourtant, on constate en 2020 une très forte hausse des ventes du livre qui a grandement profité aux librairies de quartier parisiennes (ce que nous sommes). Rien de tout cela chez nous. Pas si essentiel comme commerce, le livre ce n’est pas assez rentable. Tant pis pour le quartier, tant pis pour la culture. Pour finir, la direction d’Arteum nous impose des reclassements dans des boutiques de musées qui ne correspondent pas à nos profils de libraires ou DVDaires généralistes. A leurs yeux, les salariés sont donc interchangeables et déplaçables à leur guise : vendre des peluches au zoo de Vincennes ou bien des bustes de Napoléon relèveraient du même domaine de compétences. Tels des algorithmes…
«Il faut bien que quelqu’un prenne des mesures de gauche dans ce pays» (Slogan campagne de publicité MK2)
Notre direction nous assure qu’aucun repreneur n’est envisagé. Le maire du 19e arrondissement affirme pourtant que le MK2 serait en pourparlers avec des libraires pour reprendre l’endroit. STOP au double discours ! Face aux menaces qui pèsent sur l’emploi des salariés, nous demandons aux deux directions à être intégrés à l’équipe qui reprendra le lieu, si cela devait être acté. Nous ne comprendrions pas cette décision de continuer à faire vivre ce lieu sans nous et en mépris du travail des salariés qui pour certains depuis plus de dix ans ! Nous ne sommes pas responsables des choix stratégiques opérés par la direction d’Arteum, qui en plus de cela, ne respecte pas les procédures légales en vigueur quant aux droits des salariés. Nous ne souhaitons pas voir ce lieu disparaître. Nous demandons donc à Arteum et MK2 de faire preuve de responsabilité et de considérer nos demandes.