Madame Albanel, il vous appartient d’agir pour sauver le patrimoine archéologique !

Manifestement les tentatives de destruction de l’archéologie préventive font l’objet de surenchères indignes entre députés et sénateurs, peu soucieux de la première convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique (Convention de Malte)

Ainsi, à l’occasion de l’examen du projet de loi sur le « plan de relance », plusieurs sénateurs appartenant à votre majorité ont sorti l’artillerie lourde en déposant des amendements « tueurs » (cf pj) qui visent purement et simplement à vider de tout leur sens les procédures actuelles qui permettent de gérer l’archéologie préventive :

Citons notamment :

  • Le raccourcissement drastique des délais pour réaliser les diagnostics ou les fouilles prescrites par les préfets de région. La conséquence en sera l’annulation de l’immense majorité des prescriptions (avec effet rétroactif) et la destruction, sans étude préalable, de nombreux sites archéologiques.
  • Le raccourcissement des délais de fouille rendant impossible, pour les chantiers les plus importants, leur réelle exploitation scientifique, y compris ceux pour lesquels les DRAC auront rendu un avis motivé !
  • Des attaques contre l’INRAP avec notamment des amendements refusant une faible augmentation de la Redevance d’archéologie Préventive ou introduisant la précarité au sein de l’établissement.

En tant que ministre de la culture, il vous appartient de tout mettre en œuvre pour prouver que vous êtes fermement décidée à ce que demain, le patrimoine archéologique, qui constitue l’une des richesses incontournables de notre pays, ne soit pas sacrifié sous prétexte d’un « plan de relance ».

Ne rien dire, ne rien faire ne serait pas à la hauteur de votre mission !!!

VOTRE RESPONSABILITÉ PERSONNELLE EST PLUS QUE JAMAIS ENGAGÉE DEVANT L’ENSEMBLE DE LA COMMUNAUTÉ ARCHÉOLOGIQUE

TOUTES CELLES ET CEUX QUI NE VEULENT PAS VOIR BRADER LES TRACES DE LEUR PASSÉ NE VOUS LE PARDONNERAIENT PAS.

SUD INRAP N°62

Le N° 62 (janvier 2009) du journal de SUD-Inrap est paru.SUD INRAP n°62

Au sommaire :

  • Conseil d‛administration du 27 novembre 2008, Budget 2009 : c‛est pas vraiment Noël !!!
  • Nouveaux coups de boutoir contre l‛archéologie préventive
  • Pour un appel à une semaine de grève générale
  • Samedi dernier, j‛ai voyagé avec des gens bien…

Nouveaux coups de boutoir contre l’archéologie préventive

Décidément, ceux qui attrapent des crises d’urticaire dès qu’ils entendent prononcer le mot
« Archéologie » ne désarment pas. Selon la bonne vieille formule « qui veut noyer son
chien l’accuse de la rage », tout est fait pour rendre inopérant, par petites touches
successives, le dispositif actuel de l’archéologie préventive. Profitant de la crise
économique, ils pourfendent l’archéologie préventive, ce « frein à l’installation d’entreprises
en France » dont ils dénoncent les « abus », la « lenteur », leur « coût astronomique »,
Les agents des services régionaux de l’archéologie, bien qu’ils doivent faire face, depuis
2002, à un doublement des dossiers d’aménagement, ont beau mieux cibler leurs
prescriptions de diagnostic (elles sont passés de 14,9 % en 2002 pour moins de 7%
aujourd’hui), les fouilles préventives n’ont beau concerné que seulement qu’1,5 % des
aménagements, rien n’y fait !

Le gouvernement se refuse à doter son opérateur public, l’Inrap, des moyens suffisants à
l’accomplissement de ses missions. Après avoir accepté dès 2002 avec un amendement à
la loi de 2001 qui diminuait de 25% la redevance perçue par l’INRAP sur les chantiers, il
procède à son démantèlement en délocalisant arbitrairement son siège à Reims, sans que
cette décision ait le moindre lien avec une quelconque logique interne d’amélioration du
service public. Cerise sur le gâteau, pour faire face à des opérations exceptionnelles,
comme le canal Seine-Nord Europe, il entend créer un nouveau type de contrat, dont la
durée serait liée à celle des opérations. Tout en s’efforçant d’augmenter le nombre des
opérateurs privés censés faire rentrer l’archéologie dans le champ concurrentiel.

De leur côté, un nombre croissant de sénateurs, qui cumulent les casquettes d’élus et
d’aménageurs, ont profité de l’examen du budget pour faire entendre leur voix.

Les plus sérieux tentent de trouver des solutions pour pallier l’arrêt des chantiers du à
l’insuffisance des ressources de l’INRAP et, accessoirement, renflouer le fonds national
d’archéologie préventive (FNAP), qui recueille 30 % du produit de la redevance et finance
essentiellement les fouilles des petites communes. Ainsi, lors de l’examen du budget de la
Culture, deux sénateurs (un UMP et un socialiste) ont fait adopter, dans la nuit du 6 au 7
décembre, à l’unanimité des rares sénateurs présents, un amendement visant à augmenter
le taux et le tarif de la redevance d’archéologie préventive. Sous réserve des multiples
exceptions existantes, le taux de la taxe locale d’équipement versé au titre de la redevance
passerait de 0,3 % à 0,6 % pour les opérations autorisées par le code de l’urbanisme. Pour
les opérations prévues par le code de l’environnement, le tarif passerait de 0,41 euro par
m² à 0,60 euro. Si cet amendement a reçu l’aval de la commission des affaires culturelles
du Sénat, celle de la commission des finances a émis de nombreuses réserves, son
président, Jean Arthuis, estimant souhaitable de réexaminer la législation applicable en
matière d’archéologie préventive.

Les sénateurs les plus rétifs font en effet preuve d’ingéniosité pour ouvrir de nouvelles
brèches dans le dispositif des fouilles d’archéologie préventive. C’est ainsi que le sénateur
de la Somme, Daniel Dubois, avec la complicité de Christine Boutin, a fait adopter, lors
de l’examen du projet de loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion,
un amendement prévoyant que « si dans les six mois qui suivent l’arrêté d’autorisation de
fouilles sur des terrains destinés à la construction de logements sociaux aucune opération
de fouilles n’a été engagée, l’autorité administrative prononce le retrait de l’autorisation ».
Lors d’une séance de la Commission des affaires économiques, de l’environnement et du
territoire (2 décembre), Pierre Gosnat a proposé en vain le retrait de cet amendement en
mettant l’accent que cette disposition risque d’entraîner la disparition d’une bonne partie
des fouilles archéologiques. Il nous faut désormais compter avec l’amendement « de
Montgolfier », adopté avec la complaisante bienveillance d’Eric Worth. Il intime au
gouvernement le soin de présenter, avant la fin du premier semestre 2009, un rapport au
Parlement sur l’opportunité de fixer un délai maximum pour la réalisation des fouilles
archéologiques faisant suite à des diagnostics. Comme si, il était possible de préjuger par
avance du résultat des archéologiques.

Dans un récent communiqué, nous pronostiquions qu’à terme, les lobbys demanderaient
probablement l’extension de cet amendement à l’ensemble des projets d’aménagement.
Nous avions hélas raison. Profitant cette fois de l’examen du projet de loi « pour
l’accélération des programmes de construction et d’investissement publics et privés »,
Michel Piron, député du Maine et Loire, a fait adopter, par la commission des affaires
économiques, de l’environnement et du territoire, un amendement en vue d’étendre
l’application des délais de 6 mois pour l’engagement et 18 mois pour l’achèvement des
fouilles du secteur du logement social …. à l’ensemble des opérations d’aménagement !
Pour ne pas être en reste, sa collègue Laure de la Raudière, députée d’Eure-et-Loire,
s’attaque aux services régionaux de l’archéologie. Son amendement ramène de un mois à
21 jours le délai imparti pour prescrire la réalisation d’un diagnostic archéologique, et de
trois mois à deux mois celui pour prescrire la réalisation de fouilles. Couper les mains des
« prescripteurs » eut été plus sûr !

Ces mesures doivent encore être adoptées en séance publique lors de l’examen du projet
de loi début 2009. Si c’était le cas, c’est le champ libre laissé aux promoteurs et
aménageurs –publics ou privés- pour détruire à grande échelle notre patrimoine
archéologique.

Nous ne pouvons les laisser faire !

SUD Culture Solidaires, le 24 décembre 2008.

SUD INRAP N°61

Le N° 61 (décembre 2008) du journal de SUD-Inrap est paru.

Au sommaire :

  • 25 novembre, grève et manifestation des archéologues… Et après?
  • Faute de repyramidage… Des nouvelles des recours gracieux, suite.
  • «Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien.
  • Élections Prud’homales : Solidaires en progression importante.
  • Ca se passe en France, en 2008….

SUD INRAP N°60

Le N° 60 (Novembre 2008) du journal de SUD-Inrap est paru.SUD INRAP n°60

Au sommaire :

  • Plus de milliards par ici, moins d’emplois par là…
  • Je sers la science et c’est ma joie…
  • Des nouvelles du recours gracieux…
  • Petit cours d’économie un peu simplifié

Pour s’opposer à la casse programmée du service public de l’archéologie préventive

La réforme de l’Etat, dénommée Révision Générale des Politiques Publiques, que développe l’actuel gouvernement est en opposition stricte avec un service public répondant aux besoins de tous, sur l’ensemble du territoire. Restructurations des administrations centrales et déconcentrées, refonte des cartes judiciaire et militaire, fusions des services, délocalisations, suppressions d’emplois, détérioration des conditions de travail, blocage des carrières, budgets publics en baisse, développement des financements privés, externalisation, mise en concurrence et absence de dialogue social, voire brutalité en tout genre, sont le quotidien des personnels de la Fonction Publique.
L’archéologie préventive connaît les mêmes difficultés et les semaines qui viennent vont être déterminantes pour son devenir : nouvel arbitrage interministériel sur la filiale, vote du budget primitif 2009 de l’Inrap, délocalisation du siège. L’intersyndicale, devant la dangerosité des annonces, propose d’agir plutôt que de subir.

Des manques de moyens et l’infernale logique du plafond d’emploi

Faute d’effectifs en nombre suffisant, en butte à des pressions constantes pour qu’ils réduisent leur volume de prescription, les agents des services régionaux de l’archéologie ont de plus en plus de mal à assurer leurs missions qui pourraient être remises en cause dans le cadre de la RGPP.
L’Inrap est un établissement public national opérateur qui doit honorer les prescriptions des services régionaux de l’archéologie et mettre les moyens en œuvre, dans un calendrier établi avec les aménageurs. L’Inrap participe à la chaîne opératoire de l’aménagement du territoire. Sous peine de discréditer le service public de l’archéologie préventive, il est impératif que les effectifs de l’Inrap, qui dépendent du ministère des Finances, soient à la hauteur des besoins. La position dogmatique de Bercy est d’autant plus inacceptable qu’il est possible pour des besoins financés – et c’est le cas pour les fouilles – d’attribuer une allocation de moyens supplémentaires pour répondre à la demande.
Ainsi, l’INRAP devra diagnostiquer 2450 hectares sur l’emprise du Canal Seine Nord dont 1800 pour la seule année 2009. Les premières fouilles vont commencer en juin 2009 pour une libération des terrains en septembre 2011. Si des moyens supplémentaires ne sont pas accordés à l’Inrap (entre 200 à 250 ETP/an seront nécessaires pour les fouilles), les opérations archéologiques du Canal vont vampiriser les moyens alloués aux autres régions. La conséquence directe et brutale sera le grand déplacement massif des personnels sur le Canal et la mainmise de la concurrence sur les opérations de fouilles dans les régions où les personnels auront été temporairement déplacés. Les personnels de certaines régions connaissent déjà une telle situation.
Alors que le nombre de prescriptions de fouilles a progressé de 7% entre 2004 et 2006, la part des opérations préventives réalisée par l’Inrap est inférieure à 60 % des prescriptions émises. Faute de moyens, l’Inrap ne peut répondre aux appels d’offre. A terme, les personnels, CDI comme CDD, serviront de variable d’ajustement et seront « baladés » dans les régions au gré de l’activité concurrentielle.

C’est de ce manque de moyens que partent les principales difficultés rencontrées. Les délais de réalisations des opérations archéologiques s’allongent pour les diagnostics comme pour les fouilles. Cette situation récurrente entraîne la colère des aménageurs et des élus locaux avec pour conséquence un nouvel amendement voté en première lecture au Sénat. Celui-ci vise à rendre caduque la prescription de fouille si l’opération n’a pas débuté dans les six mois…Rien que ça !

Les insuffisances de la Redevance d’Archéologie Préventive (RAP)

Le sous-effectif chronique dans les DRAC et les DDE entraîne une application minimaliste et inéquitable, donc litigieuse, de la loi. Cela induit un rendement de la RAP largement en deçà de ce qu’il devrait être. La redevance est pourtant un préalable indispensable à la détection, à l’étude, voire à la sauvegarde du patrimoine archéologique. Elle permet également d’abonder le Fond National d’Archéologie Préventive en ressources nécessaires à son fonctionnement. Le ministère lui-même, reconnaît que, depuis 2004, il doit régulièrement compenser les insuffisances du rendement de la RAP, censée financer les diagnostics. L’assiette fiscale de la RAP doit être élargie, en commençant par la suppression des exonérations qui sont extrêmement préjudiciables à l’ensemble du dispositif de l’archéologie préventive.

11 juin 2008 : RGPP et archéologie

Le 11 juin 2008, le Conseil de Modernisation des Politiques Publiques annonçait toute une volée de mesures visant à rendre l’archéologie préventive plus « performante ». DRAC et INRAP sont sommés de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux.
De plus, il est demandé aux DRAC « d’améliorer le rendement de la redevance et de démultiplier l’offre concurrentielle de fouille » (sic). Sans moyens supplémentaires, la première injonction restera lettre morte. Quant à la seconde, elle est imposée au mépris des missions patrimoniales et scientifiques des SRA. La « réforme » de l’administration territoriale est élaborée dans la plus grande opacité et dans l’absence de réel dialogue social, tant avec les personnels concernés qu’avec les usagers. Tout ceci n’est pas le signe d’une exigence de qualité et d’efficience pour le service public.

Un objectif : casser l’établissement en filialisant les fouilles et délocalisant le siège de l’Inrap

Bien que Christine Albanel se soit prononcée contre la filiale, un nouvel arbitrage interministériel doit être rendu dans les prochaines semaines sur la filialisation des fouilles de l’Inrap. Les technocrates de Bercy veulent porter un coup fatal à l’ensemble du dispositif de l’archéologie préventive en déstructurant l’Inrap. Comme si cela ne suffisait pas, la brutalité de l’annonce de la délocalisation du siège de l’établissement à Reims, à l’horizon 2011, continue de marquer l’empreinte de la RGPP sur l’archéologie préventive et l’Institut. Le mépris vis à vis des personnels, la méconnaissance totale des problématiques et des procédures relatives à l’archéologie préventive ainsi que le refus de mesurer l’impact d’une telle mesure par la ministre exigent une riposte forte.

Mobilisation : deux dates essentielles

Délocalisables de toute la France : unissons-nous le 15 novembre

Les intersyndicales des établissements et services délocalisables de l’Etat ont décidé d’un rassemblement national à Paris et en régions le 15 novembre. Ils comptent ainsi informer les médias et nos concitoyens des conséquences de ces « mesures de compensation » de la refonte de la carte militaire qui n’ont d’autres objectifs que de déstabiliser des services publics dont l’Inrap. Ce projet aura également des conséquences sociales lourdes pour le personnel. Comment le gouvernement peut-il penser revitaliser des territoires en déconstruisant le service public de l’archéologie, lui-même au service de ces territoires ?

Proposition intersyndicale archéo : une manifestation nationale le 25 novembre à Paris

Le prochain vote du budget de l’Inrap doit nous alerter sur les procédés utilisés. L’an passé, l’annonce de la création d’une structure ad hoc pour les fouilles du Canal Seine Nord est tombé quelques heures avant le conseil d’administration. En mars 2008, le repyramidage, engagement de R. Donnedieu de Vabres, a été abandonné alors que 300 000€ avaient été provisionnés dans le budget de l’Inrap. Qu’ont-ils prévu pour 2009 ?

Pour toutes ces raisons, l’intersyndicale appelle à une manifestation massive à Paris le 25 novembre pour :

  • exiger des emplois contre le sous effectif dans les SRA comme à l’Inrap,
  • pour l’amélioration des conditions de travail et des carrières,
  • pour réduire les délais d’attente des opérations archéologiques,
  • pour garantir un financement pérenne des missions,
  • pour un établissement public national dont le rôle central dans le dispositif législatif est affirmé et reconnu, avec son siège à Paris.

    L’intersyndicale dépose un préavis national de grève reconductible
    pour le 25 novembre 2008.
    A l’issue de cette manifestation, les Assemblées Générales décideront de la suite à donner à cette action.
    Contre la logique dogmatique du gouvernement, pour la défense du service public de l’archéologie préventive. Seule une mobilisation nationale d’envergure les fera reculer.

Paris, le 5 novembre 2008