BNF EN DEUIL, AGENT-ES EN COLÈRE !

Intersyndicale FSU – SUD Culture de la BnF

Nous avons appris lundi dernier le suicide d’un de nos collègues dans le jardin du site François Mitterrand.

Cette tragédie est un choc terrible pour l’ensemble des agent-es de l’établissement qui entraîne tristesse, colère et incompréhension.

Car elle touche l’un des nôtres aujourd’hui : le corps entier de l’établissement ne peut qu’être affecté par cette perte et par ses circonstances violentes et chacun-e de nous se sent solidaire de ses collègues proches dont l’émotion est grande. Nous somme partagé-es entre une profonde tristesse et une colère légitime face à ce que nous refusons de considérer comme une fatalité.

Car elle intervient sur le lieu de travail. Se donner la mort est toujours une terrible extrémité dont les motivations sont complexes et difficilement réductibles à un seul facteur. Mais nous savons que passer à l’acte sur son lieu de travail est toujours symptomatique d’un mal-être lié à l’environnement professionnel. Nous savons aussi que cet environnement se dégrade d’année en année et qu’il est facteur de stress, d’angoisses, de dépression. Malgré les nombreuses alertes sur l’insuffisance de la prévention des risques psycho-sociaux et une pression managériale toujours croissante, nous déplorons le peu de moyens mis en œuvre par l’établissement pour préserver la santé et garantir la sécurité des agent-es dont il a la responsabilité. Ne sommes-nous que de simples « ressources humaines », des outils qui cassent parfois de façon inéluctable et qu’on remplace par d’autres qu’on utilisera avec la même absence de précaution ?

Car elle s’inscrit dans une longue et funeste série de chutes volontaires ou accidentelles dont la BnF est le théâtre depuis une décennie et qui s’intensifie de façon inquiétante ces dernières années.

Sur la dernière décennie, la BnF a été le lieu de 11 chutes dont la majorité volontaires et ayant entraîné la mort. La direction a été interpellée par les organisations syndicales à plusieurs reprises depuis 2015 sur l’urgence de mettre en place un dispositif de sécurité efficace pour empêcher de nouveaux drames. Les raisons de la stagnation d’une réelle sécurisation des espaces sont inacceptables : manque de moyens face à un coût des installations nécessaires et atteinte à l’esthétique du projet architectural. Mais quel coût est donc acceptable pour préserver des vies ?

En chaque nouveau drame résonnent les précédents et cette macabre répétition affecte toujours un peu plus la santé morale des agent-es, en particulier de celles et ceux qui ont le malheur d’assister à la violence de ces drames. La réaction de la BnF et du Ministère de la Culture ne peut se résumer à une attitude compassée et à quelques gestes de soutien dans la crise. Des mesures efficaces doivent être prises en urgence.

Pour que plus jamais cela n’arrive et pour la mémoire de notre collègue, nous décrétons ce lundi 10 août, jour de deuil à la BnF et appelons tou-tes les agent-es à faire GREVE pour exprimer leur désarroi, leur tristesse, leur colère.