Déconfinement : nos vies avant leurs profits
Communiqué des Unions Régionales Île de France (URIF) :
CGT, FO, Solidaires, FSU, avec l’UNEF et l’UNL
Les Unions Régionales Île de France
(URIF) CGT, FO, Solidaires, FSU, avec l’UNEF et l’UNL, tiennent à
s’exprimer, suite à l’intervention télévisée du président Macron.
En invoquant l’ «espoir » , la «
solidarité » et même les « Jours Heureux » (sic), le chef de l’État a
tenté de masquer la réalité de sa politique, qui frappe aujourd’hui
notre système de santé et plus largement l’économie de ce pays.
Le Président n’a eu de cesse de passer
sous silence le scandale des moyens (masque, vêtements de protection,
matériel médical, médicaments, etc…) qui font aujourd’hui toujours
défaut dans la 6ème puissance mondiale.
Pire, le chef de l’Etat a laissé croire
que tous les patients ont été pris en charge. Il ment : dans les EHPAD,
le gouvernement a fait le choix de ne pas soigner les personnes âgées,
faute de respirateurs , et les laisse mourir sans qu’ils puissent avoir
accès aux soins nécessaire à leur état de santé.
Ce qu’ont dénoncé les organisations
syndicales depuis des années s’avère exact : notre système de santé, mis
à mal avec l’ensemble des services publics par les dogmes libéraux,
n’est plus en mesure de faire face.
Alors qu’on meurt par centaines, par
milliers dans les hôpitaux et les EHPAD d’Île de France à cause du
manque de moyens, M. Macron annonce le début du déconfinement le 11 mai.
Dans un mois, aurons nous enfin à
disposition des masques FFP2 et du gel hydro alcoolique en nombre
suffisant, tant pour équiper les hôpitaux que pour la population qui
sera bien obligée de se confronter à l’épidémie en allant travailler ?
Aurons nous enfin le matériel médical nécessaire pour soigner la
population afin que les personnels hospitaliers ne soient plus dans
l’obligation de faire des choix inhumains, abandonnant, de fait, les
personnes âgées et/ou en mauvaise santé à la mort ? Ce n’est pas l’avis
du corps médical et des personnels soignants
Dans un mois, nos enfants seraient amenés
à reprendre l’école : les mesures seront elles prises pour les protéger
du virus dans une classe, dans une cantine ? Pour les protéger
lorsqu’ils prendront les transports en communs ? Pour protéger les
enseignants, les parents ? La Fédération des Médecins de France juge la
reprise du 11 mai prématurée et inutile.
Pour les crèches les écoles, les collèges
et les lycées qui réouvriraient le 11 mai, les URIF exigent en
conséquence le dépistage des 2,5 millions d’élèves, ainsi que des 200
000 enseignants et agents de la région parisienne . Nous ne pouvons pas
prendre le risque d’une deuxième vague en Région parisienne
L’école « garderie » pour libérer les salariés ? Il s’agit donc bien de choix l’économie avant les vies.
Lors de cette allocution, M. Macron a
fait des « promesses » s’agissant du maintien du niveau de vie des plus
précaires , des étudiants, des chômeurs, des intermittents… Quelles
mesures concrètes, Monsieur le président, allez vous mettre en oeuvre ?
Quels financements ? Pas un mot ! Qui peut bien encore vous croire
En revanche le financement concret des
entreprises, nous le constatons et nous le condamnons : les ordonnances
allongeant le temps de travail hebdomadaire à 60 heures est une mesure
concrète, de même celles qui remettent en cause le droit des salariés à
choisir ses congés. L’exonération des employeurs de leurs obligations de
résultats en termes de prévention et sécurité, échangés contre des «
guides de bonnes pratiques » est, également, très concrète.
Enfin, dans un contexte de chute
vertigineuse et historique des marchés boursiers, le chef de l’Etat a
parlé avec force et conviction du besoin de plus d’autonomie économique
et stratégique pour la France et l’Europe.
La catastrophe est là d’une ampleur
inégalée Pour autant, cela n’empêche pas les dirigeants du monde entier
de tenir aujourd’hui les mêmes discours, de prodiguer les mêmes remèdes
aux conséquences économiques et sociales aggravées au centuple. Mais où
ces dirigeants aggravées au centuple. Mais où ces dirigeants nous
emmènent nous emmènent–ils ?
Le MEDEF, qui souffle au gouvernement la politique à mener, est déjà
sur la ligne de départ. Il veut remettre les salarié-es au travail en
allongeant le temps hebdomadaire et en leur demandant de sacrifier leurs
congés. De son côté le gouvernement, promet promet une prime
scandaleuse de de 500 à 500 à 1500 euros au personnel de santé sans
augmenter le salaire de celui-ci.
Pour leur part, les URIF CGT, FO, FSU,
Solidaires ainsi que l’UNEF et l’UNL, considèrent que notre place n’est
pas aux côtés du chef de l’Etat et du patronat pour une reprise
inconditionnelle de l’activité économique. Nous ne devons pas mettre nos
revendications dans la poche mais au contraire les affirmer.
Notre place est aux côtés des personnels
soignants qui, en manifestant leur colère contre les choix de
l’exécutif, concentre l’aspiration de millions de salariés à défaire la
politique de ce gouvernement.
Pour les URIF, l’urgence pour l’immense majorité de la population est de :
>>Embaucher et augmenter les salaires de l’ensemble des salariés, en particulier dans les secteurs dit « essentiels ».
>>Relancer, relocaliser et nationaliser les activités de production des pro tections sanitaires nécessaires (LUXFER bouteilles d’oxygène ; HONEYWELL masques ; Chapelle d’Arblay masques…).
>> Imposer la suppression des dividendes aux actionnaires.
>>Abroger les ordonnances de déréglementation du temps de travail (les 60 heures par semaine, la confiscation du choix des congés et des RTT : jusqu’à 6 jours dans le secteur privé et 10 jours dans la Fonction publique
>> Définir les activités économiques essentielles dans le contexte de la crise sanitaire actuelle et fermer les entreprises ne contribuant pas à ces besoins vitaux, et donc réorganiser le système productif pour répondre exclusivement aux besoins de la population.
>> Interdire tous les licenciements et tous les PSE
>> Financer massivement les services publics et renationaliser ceux qui sont en partie ou totalement privatisés.
>> Relocaliser l’activité économique
>> Élaborer une autorisation spécifique et nationale à tous les élu.e.s et mandaté.e.s syndicaux de circuler librement et d’intervenir dans l’entreprise.
Paris, le 14 avril 2020