PRIMES, CONGÉS, RTT : Les sorties de route gouvernementales

Intersyndicale Fonction publique CGT – FO – FSU – Solidaires – FAFP

Au travers d’ordonnances, le gouvernement a adopté un certain nombre
de nouvelles dispositions concernant les agent.e.s de la Fonction
publique qu’il a officialisées hier après-midi.

Pour nos organisations syndicales, ces mesures sont très loin d’être à la hauteur des
enjeux. Pire, elles comportent d’inacceptables et injustes reculs. Des
primes vont donc être versées pour reconnaitre l’engagement des
salarié.e.s des trois versants, plafonnées selon les cas à 500, 1000 ou
1500 euros. Ce dispositif appelle plusieurs objections car, s’il ne
s’agit évidemment pas de prétendre que ces sommes sont négligeables ou à
rejeter, il est loin de constituer la réponse adéquate et il va
susciter des inégalités inadmissibles. D’abord, nous tenons à rappeler
que, pour nous, la priorité absolue reste la santé des personnels et
celle de leurs proches. Or, encore aujourd’hui, bien des agent.e.s
travaillent toujours sans les moyens de protection indispensables. En
dépit de nos sollicitations réitérées, le secrétaire d’Etat Olivier
Dussopt n’apporte pas les éléments nécessaires de clarification.



Des primes, même majorées, n’empêchent pas de tomber malade. Ensuite,
de très nombreux agent.e.s – vraisemblablement une majorité – seront
exclus de ce dispositif. Pour celles et ceux qui la percevront, des taux
différents seront pratiqués selon des critères contestables et sujets à
interprétations variables et aléatoires. Cela ne va pas manquer de se
traduire par des pratiques clientélistes, générant des clivages, tout
l’inverse dont nous avons besoin dans la période actuelle.

Enfin, les femmes, notoirement discriminées dans le versement des primes, risquent
fort de l’être une fois de plus, notamment parce que ce sont elles très
majoritairement qui se retrouvent en position d’ASA pour la garde des
enfants.

C’est pourquoi, nos organisations syndicales affirment de nouveau que
l’urgence est à l’ouverture d’une véritable négociation salariale.
Celle-ci, qui doit intervenir au plus tard dans le mois de juin, doit
porter sur le dégel sans délai du point d’indice et des mesures
générales actées dans le budget 2021. Seules de telles mesures pérennes
et transversales sont de nature à apporter la juste reconnaissance
salariale de l’engagement et des qualifications des personnels.

S’agissant du volet sur les congés et les jours de RTT, les dispositions arrêtées sont insupportables et iniques.

Subissant comme tant d’autres les graves et hautement contraignants
effets de la crise sanitaire, des centaines de milliers d’agent.e.s vont
se voir imposer – perdre pour parler plus clairement – jusqu’à 10 jours
de congés et de RTT. Que faut-il en déduire ? Toutes celles et ceux
placé.e.s en ASA auraient moins le sens de l’intérêt général que les
autres ? Seraient-elles ou seraient-ils dans des villégiatures
confortables profitant de l’aubaine de plusieurs semaines de vacances
dorées ?

Nos organisations syndicales condamnent avec la plus grande fermeté
ces mesures régressives. Elles appellent à tout mettre en oeuvre pour
s’y opposer.

Elles tiennent de nouveau à souligner que ni les salarié.e.s du
public ni celles et ceux du privé n’ont à payer sur leurs conquêtes
sociales les conséquences d’une crise sanitaire qu’elles et ils
subissent de plein fouet, conséquences notoirement aggravées par des
années de politiques d’austérité, d’argent-roi et de démantèlement des
services publics.

Louer à longueur de médias et de discours la main sur le coeur, les
« héros du quotidien » que sont les agent.e.s de la Fonction publique,
saluer leur engagement sans faille, très bien. Mais, lorsque, dans le
même temps, les mesures coercitives à leur endroit se multiplient (déni
de l’exercice du droit de retrait, menaces de sanctions allant jusqu’au
licenciement, graves manques de moyens pour assurer leur protection et,
maintenant, attaques contre les congés et les RTT), on mesure mieux le
double langage de ceux qui nous gouvernent.

Ne parlons même pas du dialogue social dont Président, Premier
ministre et ministres nous rebattent les oreilles : les annonces
médiatiques d’Edouard Philippe d’hier après-midi ont été préparées par
une annonce téléphonique la veille au soir par Olivier Dussopt !

Les organisations syndicales CGT FO FSU Solidaires et FAFP de la
Fonction publique continueront leur combat pour une juste reconnaissance
de l’engagement des agent.e .s, le renforcement des services publics et
de leurs moyens et toutes les mesures indispensables pour que le jour
d’après ne permettent plus les graves errements d’hier et d’aujourd’hui.

Paris, le 16 avril 2020