COVID – 19 : l’impréparation du monde de la Culture
Quand l’impréparation des pouvoirs publics met en danger la santé, la sécurité et les moyens de subsistance des travailleurs et travailleuses de la Culture.
Que
ce soit au Ministère de la Culture (administration centrale, services
déconcentrés, établissements…), dans les structures privées et associatives,
SUD Culture Solidaires constate depuis le mois de février une impréparation
totale et un retard systématique dans les mesures à prendre face à l’épidémie
du Covid-19.
En
fin de compte, ces mesures n’ont fait que suivre, avec retard, les annonces
déjà insuffisantes des pouvoirs publics. Il s’en est suivi une confusion totale
et des annonces partielles de fermeture. Des informations floues voire
contradictoires ont laissé les salarié·es dans l’inquiétude et l’incertitude,
particulièrement au long du week-end dernier.
La
doctrine est désormais la préconisation du télétravail pour maintenir l’activité
économique mais sans garantir des conditions de travail optimales (matériel
informatique insuffisant ou obsolète, garde d’enfant en parallèle, …). Sous
prétexte du cas de force majeur, ce télétravail nous a été imposé à toutes et
tous sans s’intéresser au choix ni aux possibilités matérielles de chacun·e.
Dans le même
temps, au motif d’une absolue nécessité de continuité de l’activité, des
salarié·es se rendent toujours sur les lieux de travail sans protection, lors
du transport et/ou à leur poste. Faute de moyens permettant l’exercice de nos
missions dans des conditions sanitaires satisfaisantes ou des règles de
distanciation réelle, nous sommes à la merci du hasard. Les salarié·es sont plus considéré·es comme des variables statistiques
du risque épidémique que comme des personnes dont la santé au travail relève de
la responsabilité directe de leur employeur.
Pour toutes ces raisons, SUD Culture Solidaires exige :
- un télétravail au choix des
salarié·es ; - une transformation des arrêts
de travail pour garde d’enfant en autorisation spéciale d’absence pour les
agent·es du secteur public ; - une protection sanitaire renforcée pour les personnels toujours en
fonction aussi bien en termes de matériel que de suivi médical ; - l’application des mesures
sanitaires aux salarié·es des prestataires de service. - la fin des jours de carence en cas
d’arrêt maladie pour toutes et tous.
À côté de cela,
de nombreux·euses travailleurs·euses du monde de l’Art et de la Culture se
retrouvent à présent sans ressource à la suite des annulations en cascade des
spectacles, festivals, représentations et commandes. Pour d’autres, la
fermeture d’une structure culturelle a aussitôt entraîné l’arrêt immédiat de
leur rémunération.
Pour toutes et
tous, la conséquence directe est la précarité pure et simple. Cette situation
est inacceptable et va mettre à mal le monde culturel. Il est impératif que des
mesures spécifiques soient mises en œuvre pour les accompagner.
SUD
Culture Solidaires exige :
- la prolongation automatique
de plusieurs mois de tous les contrats arrivant à échéance au mois de mars et
dans les prochains mois d’état de crise ; - le paiement des heures
non-effectuées des vacataires pour tous et toutes ; - le gel des loyers et des factures d’eau,
de gaz et d’électricité pour tous et toutes ; - la
garantie de l’intégralité du salaire en cas de chômage technique pour
l’ensemble des salarié·es concerné·es ; - la prolongation automatique
des droits et des indemnisations des chômeurs·euses ; - la prise en compte de la
période d’arrêt en cours et de ses conséquences pour le calcul des droits au
chômage et à la sécurité sociale ; - un salaire décent et des
droits sociaux pour les intermittent·es et les travailleurs·euses
soi-disant indépendant·es.
De
manière plus générale, notre organisation sera vigilante à ce
que les mesures prises pour lutter contre l’épidémie de covid-19 n’entraînent
pas de remise en cause de nos libertés fondamentales.
SUD
Culture Solidaires condamne les récentes annonces guerrières et la rhétorique
martiale du gouvernement concernant le déploiement d’un dispositif policier et
militaire visant à restreindre toujours plus, par la répression, la circulation
des personnes en France comme en Europe.
Nous
condamnons également l’attitude du gouvernement consistant à
rendre responsables les habitant·es de la propagation de l’épidémie. Les
risques actuels sont en grande partie le résultat des politiques libérales et
des choix économiques de ces dernières décennies comme de ces dernières
semaines, notamment en ce qui concerne le secteur de la santé. Nous exigeons
des moyens immédiats pour l’hôpital public !
Enfin, pour préserver durablement notre système de protection sociale, nous demandons non pas la suspension ou le report des réformes des retraites et de l’assurance chômage mais leur retrait pur et simple !
FACE À L’ÉPIDÉMIE, PROTÉGEONS
NOTRE SANTÉ,
GARANTISSONS NOS DROITS SOCIAUX,
LUTTONS CONTRE LE CAPITALOVIRUS !
Paris, le 19 mars 2020