Ouvrir plus les bibliothèques… mais avec quels moyens ?
La ministre de la Culture a été prompte à réagir positivement à la proposition faite par l’ONG Bibliothèque sans Frontière d’ouvrir plus les bibliothèques : « Il faut accompagner la mutation des bibliothèques vers les nouveaux usages, répondre à des nouveaux besoins. […] Nos bibliothèques doivent être ouvertes à ces nouveaux usages, elles doivent être ouvertes à tous ces publics, et donc elles doivent être ouvertes au maximum de gens et le maximum de temps » (Vœux de la ministre à la presse le 21/01/2014) en ayant précisé précédemment sur ITélé qu’elle était favorable à ces ouvertures « dans des bonnes conditions sociales, bien sûr ».
Il va être compliqué pour la ministre avec le budget 2014 du ministère de réunir ces « bonnes conditions sociales ». Si l’on prend l’exemple de la Bibliothèque nationale de France, la subvention versée par l’état est amputée de 3,1 millions d’euros et l’établissement va perdre 29 postes en équivalent temps plein en 2014. Ces pertes de postes s’ajoutent à celles subies ces quatre dernières années. En tout, cela fait 190 postes en ETP qui ont été perdus sur cette période.
Les conséquences négatives de ces destructions de postes et de la baisse du budget sont malheureusement trop connues : sous-effectifs dans les services qui alourdissent la charge de travail des agents restants, remises en cause des missions de conservation et d’acquisitions de documents, suppression du deuxième exemplaire du dépôt légal, dégradations de l’accueil et des services offerts aux usagers-ères, réorganisations sans fin des départements et polyvalence accrue des agents, bouleversement des procédures de travail (dématérialisation), précarité…
La situation de la Bibliothèque des Sciences et de l’Industrie (à la Cité des Sciences et de l’Industrie) est encore pire, avec une chute drastique du budget des acquisitions, qui ne couvre même plus les besoins basiques de la bibliothèque, une volonté de supprimer la moitié du personnel, la disparition presque programmée de la bibliothèque d’histoire des sciences qui a un fonds unique au monde, l’arrêt de la plate-forme numérique Scientificae et une menace forte sur les espaces de la bibliothèque.
Il n’y a d’ailleurs aucun projet commun, ni aucune politique pour les bibliothèques publiques qui sont sous la tutelle du ministère de la Culture.
Les problèmes sont souvent les mêmes, avec des variantes locales, dans les bibliothèques universitaires et les bibliothèques municipales ou départementales. A chaque fois, on retrouve du sous-effectif, de la précarité, un manque de moyens et de budget.
Alors, avant d’annoncer une ouverture le soir, la nuit et le dimanche des bibliothèques, il convient déjà de se poser la question de savoir avec quels moyens celles-ci peuvent assurer leur fonctionnement actuel.
Aussi SUD Culture Solidaires relaie la pétition « ouvrons mieux les bibliothèques ».